correspondant agoravox

dimanche 20 juillet 2014

Coup de coeur/Patrimoine : découverte du château de M. de Malesherbes.


Ce château se situe à Malesherbes , petite ville du nord du Loiret , qui se trouve à égale distance d'Etampes et de Fontainebleau, construite au bord de la rivière Essonne.
La visite du parc s'arrêtant à 16h , il peut paraître  judicieux de manger sur place, pour avoir deux bonnes heures à consacrer à la découverte du site. L'office du tourisme fournit la lsite des restaurants locaux.

Une allée d'honneur somptueuse!
A la sortie du village en direction de Pithiviers , la grille d'entrée du parc est le seul élément qui signale la présence d'un château...
On s'y introduit par une petite porte latérale . Pas d'accueil , l'accès est  libre.
On s'engage alors dans une allée d'honneur absolument somptueuse , bordée d'arbres  au feuillage en été d'un vert intense contrastant à l'horizon avec le bleu du ciel , taché de quelques nuages :  leurs branches courbes semblent vous faire la révérence.


Une allée d'honneur somptueuse d'1 km de long.(cliquer pour agrandir)

Un km plus loin le visiteur tombera en arrêt devant ce qui lui est présenté comme un mégalithe (une pierre couchée d'époque mégalithique ) . Il a été trouvé dans la région, à Marseulles , en 1973 ,et transporté ici : ça n'a pas dû être une petite affaire! A certains indices on peut penser qu'il servait de polissoir pour abraser les outils. Bientôt, l'allée d'honneur aboutit à  une sorte de carrefour , comportant en son centre un obélisque : de cet endroit , des chemins partent en étoile. On emprunte à droite une autre belle allée d'arbres , plus courte et pavée , qui  mène au château ; une construction qui a notamment appartenu  à Chrétien-Guillaume de Lamoignon , alias M. de Malesherbes (1721- 1794) , ministre du roi Louis XVI et ami des philosophes. Féru de botanique , il a fait planter dans son domaine de nombreuses espèces d'arbres.

Le château : une synthèse harmonieuse de deux époques.
On est frappé d'abord par l'immense douve sèche qui enserre à l'avant du château un terre-plein aménagé en jardin à la française ; cette douve est un vestige vraisemblablement de l'ancien château du XIVe siècle.
La façade du château , à parements de briques , qui date du XVIIIe siècle , est d'une harmonie toute classique. mais cet aspect classique est corrigé par la présence de trois des quatre tours médiévales, conservées par l'architecte ainsi que la courtine est de l'ancien château . Vrigny, architecte du roi , travaillait pour le compte de Guillaume de Lamoignon (père de M. de Malesherbes) , nouvel acquéreur en 1718  d'un domaine laissé à l'abandon depuis un siècle : c'est donc lui qui est l'au-


Le château , synthèse harmonieuse de deux époques (XIVe - XVIII e).

-teur de cette fusion harmonieuse entre l'ancien et le nouveau. L'aile XVIIIe , qui fait face aux douves , avait été conçue de façon à créer une enfilade de salons, paraît-il. On est ainsi passés du plan carré du château médiéval , avec tours à chaque angle , à un plan en équerre , rythmé par 3 des tours conservées.
On est aussi frappé par l'aspect "neuf" du château et de l'ensemble des dépendances : sans doute la dernière rénovation est-elle récente (1).

Des dépendances fort intéressantes.

Elles ont en effet un grand intérêt. Non loin d'un magnifique arbre qui date de l'époque de M. de Malesherbes, la chapelle du XVe siècle, de style gothique flamboyant , contient les sépultures de différents châtelains de Malesherbes ,et deux monuments funéraires remarquables : un gisant de Louis Malet de Graville (1438-1516) , amiral de France et personnage influent des cours de Louis XI , Charles VIII et Louis XII , et de son épouse Marie de Balzac. Le monument  est de Pierre Bontemps ,grand sculpteur funéraire de l'époque. La deuxième sculpture est un orant de César de Balzac d'Entragues (mort en 1640 ) , conseiller du roi,  fils de François , lui-même conseiller du roi, et de  Jacqueline de Rohan , et demi- frère d'Henriette , maîtresse du roi Henri IV , qui lui avait extorqué une promesse de mariage si elle lui donnait un fils ... hélas mort né! Propriétaires de Malesherbes , ces personnages l'étaient aussi du château de Marcoussis.


Le gisant curieusement accoudé de Louis Malet de Graville , amiral de France.

A gauche de la chapelle , nous trouvons l'entrée d'une glacière de 12 m de profondeur , où était conservée de la glace introduite là en hiver , dont on prélevait des éléments le reste de l'année pour la conservation des aliments. Plus loin s'élève un colombier médiéval de forme trapue à 1800 boulins ; le nombre de boulins était lié à la superficie du domaine du propriétaire et indiquait donc son importance. A ces éléments habituels dans les domaines seigneuriaux , s'ajoutent deux édifices originaux: une longue maison d'allure rustique , pleine de charme , dite "maison de Chateaubriand": ce sont en fait les neveux de Châteaubriand qui  auraient été cachés dans son grenier pendant la Terreur par leur gouvernante pour échapper à la guillotine. Leur père Jean-Baptiste de Chateaubriand , frère de l'écrivain , qui avait épousé Aline de Rosanbo , une petite fille de Malesherbes, avait eu moins de chance. Comme Malesherbes lui-même et le reste de sa famille , ils avaient péri sur l'échafaud.


La monumentale grange aux dîmes (XIVe s).

 . Enfin, la présence rare d'une monumentale "grange aux dîmes"  du XIV e siècle étonne: elle a une superficie de 2000 m2, comprend 3 niveaux , et est ornée d'une tourelle abritant un escalier à vis. Les paysans y déposaient les redevances -un dixième de leurs récoltes- dues au seigneur du "Bois Malesherbes" , qui était à l'époque Jean de Montaigu (1345-1409) , seigneur de Marcoussis , et un des dignitaires des cours de Charles V et Charles VI.
L'ampleur de l'édifice montre l'importance des revenus du propriétaire. On accède au premier niveau , et on peut constater que les plafonds sont soutenus par des piliers en bois mouluré.

Bref , une belle visite, fort intéressante, bien que l'accès soit limité à l'allée centrale et à la cour du château. On est étonné aussi de ne pas apercevoir de plan d'eau (2) , ce qui est rare dans un tel domaine. la rivière Essonne , paraît-il , coule près de la propriété , mais on ne l'aperçoit pas.(3)

Les propriétaires successifs (récapitulation):

* du XIVe au début du XVIII e siècle : Jean de Montaigu , seigneur de MARCOUSSIS et ses héritiers par les femmes , à savoir les familles de Montaigu, de Graville (XVe-XVIe) , et de Balzac d'Entraygues (XVIIe- début XVIIIe). Les propriétaires successifs sont tous des hauts dignitaires de la cour de France.
*Le domaine , laissé à l'abandon depuis un siècle, est acheté en 1715 par Guillaume de Lamoignon de Blancmesnil (1683-1772) , cadet d'une célèbre famille de parlementaires parisiens. Il fait transformer le château qui prend son aspect actuel. Son fils, Chrétien-Guillaume de Lamoignon , alias M. de Malesherbes (1721- 1794) , en héritera. Il périra sur l'échafaud avec sa famille. Le

                      
                                          M. de MALESHERBES.

domaine sera ensuite démantelé , puis reconstitué en partie au bénéfice de son arrière petit-fils Geoffroy-Louis de Chateaubriand , neveu de l'écrivain, un des rescapés de la Terreur. Jusqu'en 1997 , le château appartiendra à ses héritiers par les femmes : familles de Beaufort, de Lévis Mirepoix, princes de Robech , jusqu'au décès de la princesse de Robech.
*De 1997 à 2007 ,le groupe Les Hôtels particuliers exploitera le domaine.
*Depuis 2007 , il appartient de nouveau à un propriétaire privé , un entrepreneur parisien dont le nom n'est pas publié.

(1) Nous avons eu confirmation que le nouveau propriétaire vient de rénover château et dépendances.
(2) Seule pièce d'eau proche , un étang sis dans le hameau de Pinçon était accessible par le parc du château ; on ne peut plus y parvenir que par une route.
(3) : L'Essonne passe derrière le château et longe le centre ville.

                                     VISITE EN IMAGES .
              (Cliquez sur les photos que vus souhaitez agrandir)



La grille du parc est la seule indication de la présence d'un château à la sortie du village.


Les visiteurs ont le plaisir ensuite de s'engager dans la belle allée.


Un km plus loin ,  on découvre un mégalithe trouvé en 1973 dans la région.


L'allée aboutit à un obélisque.


Une allée pavée sur notre droite mène au château.


Nous découvrons  un ensemble architectural enclos d'un mur

 
 1e vision de la façade du château (aile d'époque XVIIIe ). On aperçoit vers l'avant l'amorce de douves puissantes datant du Moyen -Age. On aperçoit deux des tours du XIVe intégrées à la construction postérieure.



La chapelle  du XVe vue de l'extérieur.


La chapelle vue de l'intérieur de la cour du château , flanquée d'un arbre tricentenaire qui a connu M. de Malesherbes.

Le gisant accoudé de l'amiral de Graville.



Orant de César de Balzac d'Entragues (XVIIe)




César de Balzac d'Entragues - vue rapprochée.




Relief situé sous l'orant.




Dans une autre partie de la chapelle , un élément significatif du style gothique flamboyant.


Accès  parfumé par la lavande à la glacière de 12 m de profondeur.


Et si on allait voir le colombier?



Le colombier médiéval d'aspect trapu ( 1800 boulins ).



La maison dite de Chateaubriand : la gouvernante des neveux de l'écrivain et arrière petits fils de Malesherbes les a cachés dans le grenier pour qu'ils échappent à l'échafaud.


Une bâtisse pleine de charme agrémentée d'une glycine paraît-il centenaire.


La monumentale grange aux dîmes du XIVe siècle et sa tourelle qui enferme un escalier à vis permettant d'accéder aux étages.


                          La tourelle est pourvue d'un cadran solaire et d'une horloge.

Dans chaque pièce de la grange , des piliers en bois soutiennent le plafond.


Contournons le château : voici  une des trois tourelles .


De l'autre côté , le bâtiment XVIIIe s'allonge au bord d'une pelouse.


Hep! C'est la plus belle vue par ici!


Dernier regard sur la belle allée qui  ramène  le visiteur à la grille...


L'accès au parc, certes libre, de ce château privé ,  ne se fait que pendant certaines périodes en été (à l'exception des week-ends) et les journées du patrimoine ; tous renseignements à l'office du tourisme :
 Office de Tourisme du Malesherbois - 19-21 Place du Martroy
45330 MALESHERBES
Tél: 02.38.34.81.94
office.tourisme@cc-malesherbois.com  .

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