correspondant agoravox

jeudi 23 septembre 2010

COURS LE MATIN,SPORT L'APRES MIDI: pour ou contre?


professeur et élèves de l'atelier journal du collège Charcot de Fresnes visitant les locaux du journal LE MATIN en 1984.


   Ma première réaction à l’annonce de ce projet : l’irritation. Encore un ministre qui sort brusquement de son chapeau une réforme incongrue, que l’on ressent comme arbitraire car elle ne paraît répondre à aucune nécessité, sinon au désir de tout ministre de l’Education nationale de « marquer » son passage à son ministère.

    Et qu’est-ce que c’est que cette idée d’imposer du sport aux jeunes tous les après midis : et si par exemple ils n’aiment pas cela ?

    Et puis on en apprend plus : 1700 élèves à cette rentrée vont –déjà !- « expérimenter » ce système ; et alors qu’il n’a été question que de sport dans les medias jusqu’ici (s’agit-il d’un plan com ? Le sport est populaire, donc l’idée de plus de sport peut plaire à l’opinion…) : les élèves auraient le choix entre le sport et différentes activités cantonnées jusqu’ici dans la sphère extra scolaire (dans le cadre des foyers socio-éducatifs par exemple, qui fonctionnent peu en général car s’ajoutant à de longues journées de travail) :informatique, théâtre, musique…que sais-je ?Et on solliciterait les compétences d’animateurs locaux afin d’élargir le choix.

  J’aime mieux cela !

  Et il se pourrait bien alors que ce projet vienne en fait de loin, soit l’aboutissement de tout une réflexion sur l’école des dernières décennies, soit un nouveau levier actionné dans l’espoir de la changer, enfin !

   L’école qui reste largement élitiste, par exemple au collège : tous les élèves, quelles que soient leurs capacités ,leur milieu social d’origine, obligés de suivre le programme tous au même rythme ,dans le cadre de la classe traditionnelle, avec ce que cela entraîne pour une large part d’entre eux d’échec douloureusement vécu, d’humiliation chronique, et finalement de dégoût et de rejet de l’institution scolaire, le tout aboutissant à une sélection par l’échec qui est tout sauf épanouissante…et peut même avoir des conséquences sociales !Oh je sais, des efforts ici et là ont été faits pour prendre en compte les différences entre les élèves : groupes de niveau, groupes de besoin…que sais-je encore ? Mais qui osera affirmer que le système a globalement véritablement changé ?

  Si bien sûr il faut continuer à prôner et à organiser cette prise en compte des différences, s’il faut s’efforcer de « tirer vers le haut » le mieux possible chaque élève, c’est sûrement une bonne chose à mon sens que de donner à chacun dans le cadre de l’institution scolaire d’autres possibilités d’épanouissement ; l’institution scolaire avec son système de notation désséchant et humiliant pour les plus faibles, est loin de prendre en compte toutes les potentialités des élèves : rappelons-nous par exemple que l’actrice Sandrine Bonnaire était une élève de CPPN ou équivalent !Sans doute l’existence d’ateliers-théâtre dans son collège aurait-il été pour elle une façon de mieux vivre sa scolarité, en lui offrant une possibilité de se valoriser.

   Oui ceci vient de loin : en 1983-84, au collège Charcot de Fresnes, cette analyse de l’institution avait déjà conduits quelques-uns d’entre nous à proposer un après midi éducatif tous les quinze jours où les cours étaient remplacés par des ateliers animés par des professeurs en fonction de certaines compétences particulières qu’ils avaient ,mais aussi par des animateurs culturels de la ville de Fresnes notamment, avec qui nous avions établi un partenariat :les élèves avaient le choix entre du théâtre,un atelier ciné-club,le club journal, de l’informatique, de la danse moderne, un atelier sculpture, de la photo,de la cuisine anglaise, du soutien en maths, etc…etc.. et différents ateliers de sport (projet audacieux à l’époque, mais reconnu par l’académie de Créteil qui l’avait présenté officiellement dans ses locaux !).Cela dura toute une année, puis ce fut abandonné car tous les enseignants ne se sentaient pas à l’aise dans ce système qui remplaçait tout de même des cours ; on craignait que le programme en pâtisse. Mais j’ai vu bien des élèves en échec total retrouver le sourire et un peu de confiance en eux parce qu’ils vivaient quelque chose de positif enfin dans l’établissement !

 27 ans plus tard, un ministre propose d’appliquer cela à grande échelle ! C’est lent l’évolution dans l’éducation nationale !

  Mais quelques problèmes vont se poser : comment « faire le programme » en moins de temps : ou l’on allège les programmes (certains s’écrieront qu’on les appauvrit !), ou on allonge sur l’année le temps de travail, ce qui aboutira à la réduction des vacances d’été à un mois (hum !hum !).Certains soupçonneront le gouvernement de proposer cela pour réduire le nombre des postes d’enseignants, et on aura du monde dans la rue !Est-il utile comme me dit un ami de prendre tant de temps aux cours?

Le fait que la proposition émane d’un gouvernement largement discrédité n’arrangera pas les choses.

Dommage, sans doute !

Jm Satto

Professeur de Lettres retraité.

www.jmsatto.blogspot.com

photo: Professeur et élèves de l'atelier journal du collège Charcot de Fresnes visitant les locaux du journal LE MATIN en 1984.

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