correspondant agoravox

dimanche 26 septembre 2010

L'échec scolaire est-il inévitable?Le modèle finlandais.(version allégée).

Un journaliste anglais du Times,P.Gumbel,dont les filles sont scolarisées en France,se livre dans son ouvrage "On achève bien les écoliers" à une critique sévère du système scolaire français,qui stresse les élèves,et surtout est loin d'être aussi performant que les partisans du statu quo veulent bien le dire.




On sait depuis Montesquieu et Voltaire la fonction décapante du regard neuf de l'observateur étranger,et ce point de vue venu d'ailleurs m'a bien intéressé.



P.Gumbel se fonde d'abord sur des tests comparatifs internationaux (notamment la mesure PISA) qui montrent d'une part que le taux d'échec scolaire est bien plus fort en France que dans d'autres pays (même s'il y a pire) ,et qu'en même temps l'élite y est plus rétrécie qu'ailleurs.



Il s'attarde longuement sur le système finlandais,le plus performant d'après les statistiques internationales,qui était très proche à l'origine du nôtre,mais a su évoluer positivement.



Sur quels principes fonctionne l'école en Finlande?



-un professionnalisme des enseignants,obtenue par une formation pédagogique solide,pas seulement académique.De plus ils sont bien payés (3300 euros en moyenne par mois) et respectés.



-un fonctionnement souple,non statique:le groupe classe n'est pas intangible;un professeur peut s'occuper individuellement de tel élève pendant un temps donné,ou d'un petit groupe ayant besoin d'un soutien intensif,avant que les élèves concernés rejoignent le reste du groupe qui pendant ce temps s'est livré à une autre activité avec un autre enseignant ...etc..."Les enseignants sont rarement seuls avec leur classe entière:pour de nombreux cours d'autres enseignants viennent les aider".Et on privilégie les méthodes qui rendent l'élève actif plutôt que le cours ex cathédra.



- l'école finlandaise n'abandonne pas l'élève à son échec,comme le fait plus ou moins l'école française pour diverses raisons (programme à poursuivre,groupe classe intangible ,souci de l'élite etc...):"Nous voulons que tous les élèves apprennent,donc nous répétons jusqu'à ce que ce soit le cas" selon la principale adjointe d'un collège.La notation formative traditionnelle,absurde et humiliante, qui ne fait que "classer" les élèves" et renvoie de façon incessante certains d'entre eux à leur "nullité"-d'autant plus que le soutien chez nous est très insuffisant-est remise en question en Finlande.On imagine des systèmes d'évaluation qui permettent à l'élève de s'évaluer par rapport à lui-même et non par rapport aux autres:"Quelles compétences ont-ils acquises,et lesquelles doivent-ils travailler?"Ainsi chaque élève se sent soutenu,reprend confiance,se sent mieux à l'école... D'ailleurs une théorie intéressante développée dans ce livre est que "le bonheur (à l'école) est un ingrédient clé d'un apprentissage réussi".



-Gumbel a pu constater qu'en Finlande,on pouvait enseigner moins pour que l'élève apprenne plus:dans telle école,on n'a que 20h par semaine de cours.L'idée d'une diversification des activités dans l'école,permettant aux élèves moins à l'aise dans les matières purement intelectuelles,de trouver le moyen de développer des aptitudes autres qui leur permettent de se valoriser,est également présente.Toutes choses qui hérissent les tenants du système actuel.



Intéressant essai,qui souligne notamment que,même si les capacités des élèves ne sont pas les mêmes (Gumbel ne propose pas d'élever la masse au niveau de l'élite),l'école PEUT FAIRE MIEUX que ce qu'elle fait en France pour prendre en compte positivement chaque élève et le faire progresser.D'autre part,on voit que l'école élitiste n'est pas si performante,même pour l'élite (moindre qu'en Finlande par exemple),et que finalement TOUS les élèves seraient bénéficiaires d'une évolution de l'école qui irait dans ce sens.Enfin,il existe suffisamment de tensions,voire de violence dans nos écoles,pour qu'on se donne la peine d'aller examiner de plus près des expériences plus heureuses.



A lire:"On achève bien les élèves" de P.Gumbel.Grasset.



jmsatto,professeur de français retraité.

(2e version,parue sur LE POST).

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