correspondant agoravox

mercredi 6 octobre 2010

Notes de lecture:"Petits meurtres entre camarades" de David Revault d'Alonnes.

Une belle image d'unité: Bartolone et Valls à la fête de la Fraternité le 18 septembre...
Ce bouquin d'un journaliste de Libération est sorti plutôt à contre-temps, en pleine euphorie unitaire de l'université d'été du PS à La Rochelle. A un moment où l'électeur de gauche ne voulait plus entendre parler de bisbilles entre socialistes, et où , sans être naïf, il se réjouissait de ce changement d'atmosphère... Désir de gâcher la fête? Ou simple rappel des ornières dans lesquelles le PS ne devrait plus s'embourber désormais, comme le laisse penser l'épilogue du livre?

Pour qui suit un peu l'actualité politique à gauche, cet ouvrage n'apprend pas grand chose sur certains points : les tricheries apparemment partagées lors de l'élection de la 1e secrétaire, et les péripéties du congrès et de l'après congrès étaient déjà largement connues. Il en est de même des détails sur le "pacte de Marrakech" qui a conduit à une alliance Aubry-Fabius-DSK , élargie ensuite, pour empêcher Ségolène Royal de "prendre" le PS.

On savait aussi par la presse que le moral n'était pas au beau fixe à Solférino après la déroute des Européennes, et que Martine Aubry avait songé plusieurs fois à démissionner étant donnée l'ambiance au PS. On était au courant encore des péripéties du clash Peillon-Ségolène Royal ...etc..

Quelques révélations cependant: d'après le journaliste, c'est Ségolène Royal qui aurait sauvé la mise à Martine Aubry après les Européennes, en se réconciliant publiquement avec elle, au moment où elle était de plus en plus contestée par certains. On découvre avec surprise l'antagonisme, voire la haine(?), qui existerait entre François Hollande et Martine Aubry : Hollande n'aurait pas apprécié que la 1e secrétaire déplore l'état lamentable dans lequel "François" aurait laissé le PS, et son attitude ultérieure serait ressentie par celle-ci comme des manoeuvres s'apparentant à un complot pour la déstabiliser. Hé bé!

On voit aussi très bien que l'idée d'un désistement réciproque entre DSK et Aubry n'est pas une idée nouvelle, et qu'elle est dans la droite ligne du pacte de Marrakech! Mais le plus intéressant-et le plus inédit-est d'apprendre la rivalité féroce entre les deux prétendants à la candidature! Oui, ils se désisteront l'un pour l'autre, mais chacun serait bien décidé à tout faire pour être dans une meilleure position que l'autre le jour où la décision sera prise!! Une lutte sourde paraît s'être engagée:"Martine a positionné ses proches aux endroits stratégiques. On a verrouillé"(propos d'un aubryste), ce qui fait grincer les dents d'un député pro DSK, pour lequel aujourd'hui le principal adversaire de Martine "c'est Dominique" (p.273-274 du livre). On découvre avec ébahissement la piètre opinion que chacun a de l'autre. Selon DSK :"Elle n'est pas exactement profilée pour le job". Autre gracieuseté:"elle n'a pas beaucoup de sens politique". Tiens, tiens est-ce qu'elle n'aurait pas la "carrure", elle non plus, contrairement à ce que vient de déclarer le professeur Fabius? Quant aux Aubrystes, ils pointent les faiblesses politiques de DSK :"Il est trop loin";"il aura passé cinq ans hors de France et n'aura pas vécu la crise avec les français";"il a une image libérale"etc...etc.. N'en jetez plus!

Cette lecture nous apporte enfin un éclairage sur les dernières péripéties au ps:
on pouvait par exemple s'étonner du changement d'attitude d'Aubry vis à vis de Ségolène Royal depuis quelque temps: elles se téléphoneraient souvent ; Aubry laisse Ségolène aller sur France 2 et parler "au nom du ps" à propos de la réforme des retraites : surprise! "Tu lui donnes de l'air" reprocha-t-on à Aubry... Mais la réponse à mon sens est dans le bouquin de R.D'Alonnes: "Ségolène n'est plus un problème", selon Aubry. Les sondages en effet ne lui donnent (apparemment) guère de chances!
Une remarque:que se passerait-il si les sondages redevenaient indulgents envers Ségolène?
Un autre point:Bartolone parlant de "primaires de confirmation" est dans la droite ligne de l'accord DSK-Fabius-Aubry.L'ouvrage nous rappelle qu'Aubry a vraiment traîné les pieds pour accepter l'idée de vraies primaires,et que Montebourg,chargé de la Rénovation au ps,a dû mettre sa démission dans la balance pour obtenir la prise en compte de son projet; projet alors brusquement adopté par la 1e secrétaire et intégré à son programme de Rénovation,voté par les militants...ce qui lui a permis nous dit R.D'Alonnes de reprendre la main sur le PS...

Faut-il voir cependant dans certains propos de Bartolone,déclarant que si DSK se présentait , Aubry se retirerait, un pas vers la fin de cette rivalité,c'est à suivre!

Bartolone a donc fait scandale en parlant de "primaires de confirmation"; Martine Aubry a semblé démentir; Fabius lui-même concède du bout des lèvres, dans une déclaration récente ,à d'autres candidats le droit de se présenter, tout en prenant soin de les disqualifier d'office, en affirmant modestement que "mis à part lui-même"seuls DSK et Aubry "ont la carrure"!Hollande, Royal, Moscovici, Valls etc...ont dû apprécier! Dans son esprit, les autres candidats étant négligeables, voire méprisables, c'est bien à une "primaire de confirmation"qu'on va assister!

Pourquoi cette alliance du triumvirat? Au nom de l'unité des socialistes comme le prétend l'ancien premier ministre? Comme si ces trois là eux seuls existaient au PS! On est en pleine hypocrisie! Le livre de Revault d'Alonnes nous rappelle bien que cette alliance a été élaborée pour le Congrès, que c'était une "machine" anti Ségolène Royal...Là encore, si chacun des trois était candidat, la dispersion des voix pourrait une fois de plus permettre à Royal "d'arriver en tête"; je crois bien que c'est toujours le cauchemar de certains!

Ce dispositif, loin d'être un outil d'unité, peut apparaître donc encore comme une manoeuvre pour éliminer certains (ou certaine), et créer la discorde!

Mais on pense jouer sur du velours: l'unité est nécessaire, cette nécessité fera taire les contestations!

Je n'en suis pas sûr. La garantie de l'unité, ce serait seulement un dispositif loyal et transparent, dans le respect de chacun (et non en disqualifiant à l'avance les concurrents).

Et après tout ce sont les électeurs de gauche qui trancheront!

Mais si "cela recommence" et si la gauche perd à nouveau,il faudra que chacun regarde ses responsabilités.
jmsatto.





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire