correspondant agoravox

vendredi 18 septembre 2015

MEREVILLE: le parc du château enfin accessible au public.


Le fameux parc à fabriques créé au XVIIIe siècle par le marquis de Laborde, le plus beau d'Europe en son temps, que le département  de l'Essonne a acquis et qu'il s'emploie à réhabiliter, car il avait été laissé à l'abandon, et même dégradé, par ses anciens propriétaires, est enfin accessible au public plus régulièrement. Plusieurs visites guidées y ont été organisées en juillet et aout, et le seront lors des Journées du Patrimoine, les 19 et 20 septembre. On peut , si l'on forme un groupe, s'adresser pour une visite à l'office de tourisme d'Etampes (tel 0169926900).
Le 29 août dernier, nous avons pu suivre une visite qui nous a permis de découvrir le château et le parc, envahi par une végétation incontrôlée.


Nous découvrons tout de suite, à droite de l'entrée et en surplomb, le château. Volets fermés et vidé de son contenu paraît-il, il a l'air cependant intact. Construit en 1768 pour Jean Delpech, un conseiller du roi, sur les ruines d'un ancien château médiéval, il a été acquis en 1784 par Jean Joseph Laborde, obligé de céder son château de La Ferté Vidame au duc de Penthièvre, qui lui même avait dû céder Rambouillet à Louis XVI. Laborde, qui a acquis une immense fortune grâce au commerce transatlantique, et qui fut fermier général (1759-1767) , devient marquis en compensation. Il fait remanier le château par Jean-Benoît-Vincent Barré l'architecte par exemple du château du Marais (Essonne). Laborde y tint salon, jusqu'à sa mort sur l'échafaud en 1794. Son épouse récupéra le château en 1796. Elle y reçut ainsi Chateaubriand, pour qui le domaine de Méréville était "un oasis romantique",  où il retrouvait Natalie de Noailles, la fille de Laborde, avec qui il eut une liaison qui dura 10 ans. Mme Vigée-Lebrun par exemple y vint aussi.


Une visite guidée du parc, qui durera 2h, commence alors, en présence ce jour là d'une caméra de TF1.


Depuis le château, on peut contempler en contrebas le vallon, d'une superficie de 90 hectares, parcouru par les méandres de la  Juine , dont le cours a d'ailleurs été détourné par Laborde.Il fit réaliser dans ce site, par 400 ouvriers, un parc à l'anglaise, orné de nombreuses fabriques décoratives. Il eut recours à deux architectes successifs : François-Joseph Bélanger, l'architecte du comte d'Artois, qui avait conçu Bagatelle et la Folie Saint-James; il fut ensuite remplacé par Hubert Robert, peintre et décorateur du Roi: c'est lui qui réaménagea les Bains d'Apollon à Versailles, et créa pour Marie-Antoinette le Hameau de la Reine et la laiterie de Rambouillet. Celui-ci concevait ses créations comme des tableaux, qu'il peignait d'ailleurs avant de les réaliser concrètement.


La visite se poursuit en descendant au fond du vallon.


On y découvre une première rocaille artificielle, qui dissimule l'entrée d'une glacière.


Devant le pont de roches: c'est une des fabriques encore en place. Il a été conçu par François-Joseph Bélanger.


Ici une belle perspective a été créée, avec le château en arrière plan. Le pont de roches s'est enfoncé dans le sol par rapport à sa conception initiale , de même que les grottes adjacentes, ce qui provoqua le renvoi de Bélanger! On aperçoit aussi des blocs de grès apportés de Fontainebleau, aux formes noueuses.


Il manque l'étage supérieur du moulin du pont, de conception monumentale et très classique , à l'antique, imaginé lui aussi par Bélanger. La partie haute a brûlé en 1980. Laborde et sa femme venaient parfois habiter l'étage.


Près du moulin, ce qui reste de sa roue à aube.


Ce pan de mur enfermé dans des échafaudages est tout ce qui reste du colombier . Il devait appartenir à un ensemble comportant une ferme.


Voici à quoi ressemblait l'élégant colombier conçu par Hubert Robert.


Ici est l'emplacement de la laiterie d'Hubert Robert , dont la façade a été transportée dans le parc de château de Jeurre. A la fin du XIXe siècle, lors d'une liquidation des biens, le comte de Saint-Léon, propriétaire de Jeurre , a acquis plusieurs fabriques de Méréville (la laiterie, le Temple de la Piété Filiale, la Colonne Rostrale, le Cénotaphe de COOK,  la fontaine au mufle de lion) et les a installées dans le parc de son château, où l'on peut toujours les voir (voir notre article sur Jeurre: http://jmsattohurepoix.blogspot.com/2013/07/le-chateau-de-jeurre-morigny-champigny.html  ). 


Sur cette photo prise à Jeurre, on aperçoit la façade de la laiterie d'Hubert Robert qui a été transportée là.


A l'arrière de la façade, avait été construite à Méréville une grotte (qui n'existe pas à Jeurre), refuge à la fraîcheur bienfaisante, qui communiquait avec plusieurs petites pièces. L'espace situé ci - dessus en arrière plan était occupé par le lac, aujourd'hui en grande partie asséché. A l'époque, comme à Jeurre aujourd'hui, la laiterie se reflétait donc dans le miroir d'eau qu'il constituait.


Une vue du lac à proximité, en grande partie asséché et envahi par la végétation. Il serait question de le remettre en eau.


Nous traversons ensuite le parc en direction d'une hauteur qui semble très rocheuse.


Sur la gauche, la silhouette du château se dessine en surplomb.


Au passage, on peut apercevoir différents ponts, en piètre état aujourd'hui, et parfois impraticables.
Il y a une vingtaine de ponts, tous différents.


Celui-ci va nous permettre de franchir un bras de la Juine.


Les roches accrochées à la pente ont été apportées sur le site; on retrouve ici des grottes artificielles , qui forment un couloir rocheux le long de la pente. L'idée d'un tel aménagement aurait été inspiré à Laborde par sa jeunesse pyrénéenne, au pays basque. Les visiteurs peuvent apercevoir subrepticement, sur ces hauteurs, des chevreuils.


Ici, poésie des ruines oblige, deux départs de pont volontairement inachevés sont observables de chaque côté de l'entrée de ce petit val. A l'origine, une passerelle reliait les deux côtés...


... comme on le voit sur ce tableau d'Hubert Robert.


                                                           Visite du couloir rocheux.


Des ouvertures permettaient de "cadrer", pour l'observateur, des visions successives du parc.


Nous avons gagné ici le sommet de la colline aux rochers.

Un plan général du site permet au visiteur de se repérer.
(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)


Vue générale depuis le sommet de la colline. A l'horizon se profile la tour Trajane, inspirée par celle de Rome.


Un château (postérieur à l'époque de Laborde) et la tour Trajane (33 m de haut, 199 marches à monter pour parvenir au sommet) ferment la perspective à l'autre bout du parc. La tour était installée dans le "petit parc" de 10ha qui complétait le domaine sur le plateau dominant la vallée de la Juine. Une zone aujourd'hui construite. 


Sur la colline, on peut observer la trace de l'emplacement du temple de la Piété filiale, aujourd'hui à Jeurre. D'abord placé en bas, près des grandes cascades, il s'enfonçait dans le sol meuble. Il a alors été réinstallé au sommet de la colline.


Le temple de la Piété filiale, à Jeurre. Magnifique construction à l'antique, dédiée à Natalie, la fille de Laborde. Il contenait à l'origine un buste d'elle, réalisé par le grand sculpteur Pajou.


Toujours sur les hauteurs, un peu plus loin, on a une vue plongeante sur l'ancien potager de Laborde, compartimenté par des murs destinés à accueillir des arbres en espaliers. Au fond, ce qui reste de la maison du jardinier en chef.


Une vue du potager encore en activité.


Nous redescendons en direction du château.
Ce curieux édifice est la maison de la pompe qu'actionnaient des chevaux.


Un peu plus loin, nous découvrons une orangerie et la ferme suisse (composée d'une vacherie et un colombier) édifiés en 1824 par le comte de Saint-Roman, un des propriétaires du domaine après les Laborde, qui a tenté de  lui redonner un certain lustre.


                                                         La ferme suisse et l'orangerie.


On se dirige ensuite vers la sortie du domaine par une belle allée d'arbres.


Un dernier regard sur le château...


La maison du gardien vient d'être rénovée.

A JEURRE aussi...


Le cénotaphe de Cook, dédié au grand navigateur.


La Colonne Rostrale, construite en hommage à ses deux fils, Edouard (1762-1786) et Ange Auguste (1766-1786), tués près de Vancouver lors d'une expédition de La Pérouse . Elle était à l’origine bâtie sur une petite île, au cœur du grand lac.

Un coup d'œil sur le village.

Situé à 16km au sud d'Etampes, cette bourgade de plus de 3000 habitants, qui se proclame "capitale du cresson" est déjà dans la Beauce. Mais elle bénéficie du cadre verdoyant de la vallée de la Juine qui contraste avec le plateau dénué d'arbres de la région. Dès le Moyen-Age, Méréville était une chatellenie et avait un seigneur (familles de Villebéon, du Puiset, vicomtes d'Etampes, puis famille de Linières jusqu'au XVe s. Au XVIe la famille de Reilhac prend le relais, de 1456 à 1567. De 1567 à 1784, de nombreux châtelains se succèdent à la tête de la seigneurie, les Monstiers-Mérinville, Delpech, Bertin et La Tour-du-Pin, avant l'arrivée du marquis de Laborde...


Une superbe mairie au bout d'une belle perspective...


La mairie.


Une rue de Méréville.


Une magnifique halle datant de 1511, édifiée par Bertrand de REILHAC, le seigneur de l'époque.Ses proportions sont vastes (40 m x 18 m). Sa charpente et ses 4 rangées de piliers sont en chêne. L'ensemble repose sur des socles de pierres.


et un ancien lavoir (restauré) au bord de la Juine. Il jouxte le parc du château , à proximité du moulin de Belanger. Il fait partie des constructions de l'époque Laborde.

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