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vendredi 12 août 2016

LA ROCHE GUYON, LE CHATEAU DES LA ROCHEFOUCAULD.

Le château de La Roche Guyon est adossé à une falaise crayeuse , au fond d'une boucle de la Seine, à peu de distance de Mantes la Jolie et de Giverny. Il fait partie du parc naturel du Vexin et du département du Val d'oise . Depuis 1659, date à laquelle François VII de La Rochefoucauld, fils de l'auteur des Maximes, l'acquiert, il appartient à cette famille, bien que géré aujourd'hui par le Conseil général du val d'Oise.


                                                         Le château vu des jardins.
Ce qui frappe bien sûr d'abord, c'est la présence d'un donjon médiéval au sommet de la falaise, au dessus de constructions ultérieures.
Ce donjon a été édifié au XII e siècle par Guy de La Roche, descendant des comtes de Meulan, fidèle vassal de Philippe Auguste ; à cette époque n' existait au pied de la falaise  qu' un logis troglodytique, qui fut ensuite relié à un donjon par un escalier souterrain de 250 marches creusé dans la falaise. Celui-ci relie toujours les deux châteaux. La raison d'être de cette place forte à l'origine était de défendre l'Ile de France contre les Normands. Le lieu tient son nom des seigneurs de La Roche, traditionnellement prénommés Guy, d'où : La Roche-Guyon. Ce donjon fait 20 m de haut contre 30 à l'origine, il a été partiellement démoli en 1793. Il a contenu un pigeonnier plus récemment.

                                                             Autre vue depuis les jardins.
Un peu plus tard, un rempart (que l'on voit bien ici) est aménagé autour du donjon, ainsi qu'un fossé.
Au XIV e siècle, un corps de logis est construit en deux temps au pied de la falaise sur un axe est-ouest, parallèlement à la Seine. La partie ouest (à gauche) est la plus ancienne.
Chaque extrémité comporte un châtelet d'entrée fortifié.
Au XVe (1430), une cour basse complètement close et fortifiée est ajoutée à l'avant du premier logis. La cour d'honneur du château, elle, se trouve à l'est du logis, au pied de la falaise. La cour basse existe toujours, mais ses fortifications ont disparu.
En 1474, le château échoit à la famille de Silly, qui le gardera jusqu'en 1628. Le château n'a plus de fonction défensive, il devient une résidence où l'on reçoit les personnages les plus importants, à commencer par François 1er puis Henri IV. En 1628, il passe à la famille de Rohan-Chabot jusqu'en 1659, date de l'arrivée des La Rochefoucauld.


                                                                   Vue rapprochée.
Dans la première moitié du XVIIIe siècle, Alexandre de La Rochefoucauld (1690-1762) fait faire des transformations au château. Ces travaux seront poursuivis pas sa fille Marie-Louise, duchesse d'Enville (1716-1797). A l'est la cour d'honneur est reconstruite et entourée de communs en 1724 ; les arcades qui supportent aujourd'hui une vaste terrasse sont construites.
Et on aménage jusqu'à la Seine un vaste potager. 


Dans la seconde moitié du XVIIIe, des écuries (à gauche) sont ajoutées, et la basse cour devient la cour des écuries; une grille d'honneur  surmontée de la couronne ducale et des armes des La Rochefoucauld est installée dans son angle sud est. Un pavillon carré (à droite de l'image) est également ajouté. Et à l'ouest une extension est construite, le pavillon de la duchesse d'Enville.

LA VISITE:
On accède au château par une porte située côté est, qui nous introduit dans la cour d'honneur.

Le pavillon de l'Horloge (XVIIIes) , au fond de la cour, face au château, constituait les communs. Sur le côté gauche, on peut voir aussi des boves (habitations troglodytes) et les casemates installées par Rommel qui avait établi ses quartiers au château à partir de février 44. Il y complotera d'ailleurs contre Hitler.

En face se trouve l'entrée monumentale du château, de style neo classique, qui a été plaquée au XVIIIe siècle sur le mur médiéval. Empruntons l'escalier semi circulaire qui donne accès à l'intérieur.

 On se trouve alors face au monumental escalier d'honneur du château, qui mène aux Salons. Un itinéraire est proposé pour la visite, nous le suivons en nous dirigeant d'abord sur la gauche pour découvrir des éléments de l'ancien logis médiéval incorporé à l'ensemble.

On passe sous une porte en arc brisé qui donne accès à l'ancienne entrée est du logis médiéval.

                                             Le blason des La Rochefoucauld a été ajouté ici.

On accède alors à la grande terrasse sud du château. A l'autre extrémité, se profile la Tour carrée médiévale, avec ses meurtrières et ses mâchicoulis, qui servait de tour de guet.

Au pied de cette tour se trouvait l'entrée primitive du château, murée au XVIIIe.

On y voit encore l'emplacement d'une herse.

La terrasse vue de la Tour carrée. En face, le pavillon Est construit au XVIIIe.

Vue sur l'ouest du village.

Au fond les jardins, la Seine coule au delà.

Retour à l'escalier d'honneur, que nous empruntons.

Il est éclairé de deux beaux vitraux où figurent les armes des La Rochefoucauld.

On arrive dans une belle et vaste pièce éclairée par de grandes portes fenêtres.

 Il s'agit de la galerie . Elle donne accès , au fond à gauche, à la salle à manger , puis, à droite, à une enfilade de pièces: salle de billard, petit Salon, grand Salon.
 Une petite déception lors de cette visite : les pièces sont quasiment vides. En 1987, mobilier, décoration, bibliothèque ont été vendus aux enchères lors de la succession de la  duchesse de La Roche Guyon, veuve de Gilbert de La Rochefoucauld. On a bien du mal à imaginer quel était l'aspect de ces pièces au XVIIIe siècle.

Le plafond peint.

Un ou deux tableaux ornent les murs de cette salle.

  A l'extrémité de la façade sud, deux petits boudoirs ont été aménagés à l'étage de  la Tour carrée. Ici un sculpture de style médiéval agrémente l'un d'eux.

Et ici une chaise à porteur, qui change de pieds au fil du passage des visiteurs...

Dans toutes les pièces, une  exposition, Etats de sièges, comblait en 2016 le vide laissé par l'absence de mobilier. Toutes sortes de sièges étaient donc exposés.

A cet étage, la vue se dégage un peu: on devine le cours de la Seine au fond  à droite.

Dans le petit Salon, quelques jolis restes du décor ancien: beau miroir encadré de moulures...

Lustre ancien.

Le grand Salon de la duchesse d'Enville est particulièrement occupé par l'exposition Etats de sièges. O bonheur: les quatre grandes tapisseries des Gobelins intitulées "suite d'Esther" , réalisées à partir des cartons de  Jean-François de Troy, ont pu être rachetées par le département et réinstallées à leur emplacement d'origine.

Le dédain de Mardochée (détail).
Mardochée refuse de se prosterner devant le grand vizir Aman, provoquant sa colère. Celui-ci pour se venger obtient du roi un décret ordonnant l'extermination du peuple juif.

La toilette d'Esther (détail).
Esther va sauver le peuple juif en épousant le roi Assuérus. On la voit ici se préparant avant la rencontre avec le roi.

Le couronnement d'Esther (détail).
Assuérus pose lui-même la couronne sur la tête de sa jeune épouse.

La condamnation d'Aman (détail).
Aman est surpris par Assuérus en train d'agresser Esther, signant ainsi sa propre condamnation.

Un peu plus loin, on découvre le cabinet aux papiers peints chinois. Ci dessus un détail du papier peint.
On traverse ensuite diverses salles vides: chambre de la duchesse Zénaïde, salon d'angle, bibliothèque, cabinet de curiosités, salle dite "Révolution"...

La bibliothèque, remplie de faux livres.

Le château possédait un théâtre dont on découvre la maquette un peu plus loin.

Ici un couloir qui descend jusqu'au théâtre (partie fermée pour raisons de sécurité).

On traverse ensuite deux cours différentes:

La cour aux chiens...

...puis la cour aux cerfs

Avant d'emprunter "l'escalier rouge".

On peut à partir de là gravir les 250 marches qui mènent au donjon, ou emprunter directement une agréable galerie.

Cette galerie va nous mener aux chapelles troglodytes.

La 1ère chapelle. Il s'agit d'un ensemble de trois chapelles creusées dans la roche par la volonté du cardinal de Rohan, alors propriétaire du château (il le revendra à son cousin François VII de La Rochefoucauld).

Frise sculptée ornant la 1ère chapelle, représentant vraisemblablement les funérailles d'un martyr.

Dans une autre chapelle, on trouve cette pierre sous laquelle a été placé le cœur de la duchesse d'Enville.(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

La 3e chapelle.

Un peu plus loin, on découvre l'entrée d'un souterrain menant à un réservoir d'eau douce creusé dans la falaise en 1742 par Alexandre de La Rochefoucauld. Il est relié à une source du village de Chérence  par un aqueduc de 3500 m de long.

A l'étage supérieur on découvre le chemin de ronde médiéval...

Vue plongeante sur les communs et au delà sur l'église et le village.

Le chemin de ronde mène à la tour sud est, qui servait d'observatoire astronomique au XVIIIe siècle.

Le paysage se découvre davantage: au fond la vallée de la Seine.

Au premier plan les écuries et au fond le jardin.
Il ne reste plus, par l'escalier de service, qu'à rejoindre l'escalier d'honneur et l'entrée du château.

LES ECURIES.

Aperçu du bâtiment monumental  des écuries, construites entre 1740 et 1745 par l'architecte Louis Villars ; il s'est sans doute inspiré de  celles de Chantilly.

Haut portail surmonté d'un cheval cabré...

                                                         Œuvre du sculpteur Jamay.

C'est une superbe architecture...


surmontée par un magnifique jeu d'arcades.

Elles pouvaient contenir jusqu'à 99 chevaux.

                              Un petit tour dans le jardin.
Il a été créé en 1741, à l’initiative de Madeleine Le Tellier de Louvois, épouse de François VIII de La Rochefoucauld, sur une surface de 3,5 hectares. Ce premier jardin est réaménagé au xviiie siècle par le Duc Alexandre de la Rochefoucauld. Il a été reconstitué en 2004 selon les plans d'origine, après un siècle d'abandon. Il s'agit d'un potager - fruitier, où les plantations d'agrément ont aussi leur place. Il a reçu le label Jardin remarquable attribué par le Ministère de la culture. Depuis 2006, on n'y utilise plus de produits chimiques, sa production depuis 2012 est  garantie "bio". Elle est vendue au château.



Arbres fruitiers.

Compositions diverses.


                      Vue de la boucle de la Seine depuis les jardins. Au fond, les falaises de craie.








                                          Fleurs du jardin.



                                            DES HOTES CELEBRES:


Outre François 1er et Henri IV du temps de la famille Silly, diverses célébrités sont venues au château. Au XVIIIe siècle, le Salon de la duchesse d'Enville est fréquenté par exemple par les plus grands esprits du temps: Turgot, qui y séjourna 7 mois après sa disgrâce, Condorcet (en 1785 puis 1791), l'agronome Arthur Young, le peintre Hubert Robert qui a un moment un atelier au château, il peindra d'ailleurs le site ; D'Alembert, les Choiseul, les Rohan le fréquenteront aussi.

En 1819, Lamartine passe la Semaine sainte au château et y écrira une de ses plus belles Méditations poétiques La Semaine  sainte à La Roche-Guyon. En 1821 ,Victor Hugo est invité au château par le cardinal de Rohan. Il reviendra dans le village en 1835.

Claude Monet et Georges Braque sont venus également peindre des paysages ou le village de La Roche Guyon.


Le site de La Roche-Guyon, par Claude Monet (Image internet).



































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