Le château d'Anet fut construit par Philibert Delorme en 1548 à la demande du roi Henri II , pour sa favorite Diane de Poitiers.
La fille de Diane, Louise de Brézé, en hérita, et au fil du temps il eut de nombreux propriétaires appartenant à la haute aristocratie, dont le duc de Vendôme en 1609, ou le duc de Penthièvre sous Louis XVI.
Depuis 1998, le propriétaire en est Jean de Yturbe, héritier d une famille qui possède le château et en prend soin depuis 1860.
Il eut au total 27 propriétaires !
Première approche:
La première chose qui frappe est l'ampleur de cet ensemble de style Renaissance et le caractère monumental des constructions.
Le portail monumental.
Photo: Claude Poirson.
Au fronton du portail, un relief représente Diane, déesse de la chasse , à laquelle Diane de Poitiers s'identifiait. L'original est au Louvre. Il s'agit d'une oeuvre de Benvenuto Cellini réalisée à la demande de François 1er à l'origine pour Fontainebleau. Henri II récupéra l'oeuvre restée dans l'atelier de l'artiste après son départ précipité pour l'Italie et la fit installer à Anet. Elle fut d'abord appelée la nymphe de Fontainebleau, puis la Diane de Fontainebleau.
A gauche du portail, des pavillons ajoutés au XVIIe par le duc de Vendome, et au fond la chapelle funéraire de Diane de Poitiers.
A droite du portail, l'enceinte se prolonge : on aperçoit la chapelle de Philibert Delorme.
Photo: Claude Poirson.
Le fossé ou douve qui borde l'enceinte est également impressionnant.
La visite libre des extérieurs et de la chapelle de Philibert Delorme.
Les portes se sont ouvertes, nous pénétrons dans la cour d'honneur!
Vue intérieure du portail monumental.
Au sommet de celui-ci, une autre référence à la chasse, et donc à Diane. A l'origine le groupe était un automate servant d'horloge astronomique : le cerf remuait la tête et les chiens la patte avant gauche pour marquer les heures.L'original a été fondu à la Révolution.
A droite du portail, le château - en fait il n'est que l'aile gauche du château d'origine : celui-ci comportait 3 corps de bâtiments en U qui faisaient face à l'entrée. A la Révolution le domaine a été vendu comme bien national, et le propriétaire d'alors s'est servi du château comme d'une carrière de pierres. Il fut chassé par les habitants avant d'avoir pu tout mettre à bas.
A gauche du portail, la chapelle, chef d'oeuvre de Philibert Delorme.
A l'origine, en arrière de chaque aile du château se trouvait une cour annexe entourée de dépendances.
Photo: Claude Poirson.
De chaque côté du portail d'entrée, une fontaine curieusement ornée...
Photo: Jacqueline Mazeau.
Sur un mur situé à gauche de l'entrée, un cadran solaire...
En prolongement de la cour du château, un immense parc se déploie - on ne visite pas.
Ci-dessus le grand canal, obtenu par dérivation des eaux de l'Eure, réalisé au XVIIe siècle par le duc de Vendôme.
Du temps de Diane, à l'arrière du château, un jardin comportant des parterres carrés alignés et entouré d'un galerie couverte à arcades comportant des pavillons aux angles avait été aménagé. Le duc de Vendôme fit détruire la galerie.
A l'origine, une partie du château occupait cet espace. La fontaine est située à l'emplacement même de la chambre du roi Henri II.
En contrebas de l'aile subsistante, on aperçoit une construction: serait-ce un reste de l'ancienne galerie qui entourait le jardin?
Photo: Jacqueline Mazeau.
Il s'agirait en fait d'un cryptoportique servant de soubassement au corps central disparu du château et redécouvert en 1879 par le propriétaire d'alors, Ferdinand Moreau, un agent de change qui a procédé dès 1860 à la restauration du château. C'est aussi l'ancètre de l'actuelle famille propriétaire.
A la découverte de la chapelle de Philibert Delorme:
Faisons d'abord un peu le tour de ce chef d'oeuvre de la Renaissance...
Détails de la façade.
Vue arrière.
Photo: Thérèse de Solliers.
Là encore , une représentation de Diane chasseresse. C 'est une réplique de l'oeuvre de Jean Goujon, visible au Louvre.
Les références à Diane et à la chasse se répondent dans l'enceinte du château.
Nous visitons à présent l'intérieur de la chapelle.
Elle est construite en croix grecque et l'intérieur a une forme de rotonde.
La chapelle est très ouvragée et très ornée.
Le damier de la coupole crée une impression de mouvement tournant, d'aspiration vers le ciel. Elle constitue un trompe l'oeil, car elle donne une impression de grande hauteur, alors qu'elle n'est qu'à 3,5
alors qu'elle n'est qu'à 3,50 m.
La mosaïque du pavement reproduit la projection de la coupole. Les marbres de couleurs proviennent de villas d'Empereurs romains.
Les 12 apôtres sont placés dans des niches séparées par des pilastres corinthiens.
Photo: Claude Poirson.
Des bas reliefs de Jean Goujon représentent 8 angelots porteurs des instruments de la Passion du Christ.
Photo: Thérèse de Solliers.
Soubassement de la coupole.
Des renommées (reliefs de Jean Goujon) proclament elles la Résurrection du Christ. Une peinture est enserrée dans l'architecture - oeuvre de Jean Cousin peut-être.
Autre relief.
Les vitraux ont été installés de 1904 à 1906 par le comte et la comtesse de Leusse, alors propriétaires (la comtesse était la fille de Ferdinand Moreau).
Photo: Dominique Michel.
On trouve toutes sortes de panneaux décoratifs très travaillés.
Photo: Claude Poirson.
En voici un autre.
Ici figure le chiffre de Henri II : un H suivi de 2 D entrelacés signifiant l'idée de duo (deux : référence à Henri 2).
On aperçoit ici le petit oratoire où le duc de Penthièvre ( propriétaire de 1775 à 1793) assistait à la messe au chaud en hiver à proximité de la cheminée.
Le monument sert de chapelle funéraire à la dernière famille propriétaire (familles Moreau et de Leusse et actuellement de Yturbe- l'héritage s'est fait par les femmes) .
LA VISITE GUIDEE DU CHATEAU.
On rejoint ensuite la guide pour la visite du château .
Au XIVe siècle existait sur le site un château fort de forme carrée , avec tours aux angles, et entouré de fossés. Il fut démantelé et détruit en partie sur l'ordre de Charles V pour punir le seigneur rebelle du lieu. Du XVe au XVIe siècle, il appartint à la famille de Brézé. Diane de Poitiers, épouse de Louis de Brézé, grand sénéchal de Normandie, en hérita à la mort de son mari survenue en 1531. Diane de Poitiers en 1538 devint la favorite d'Henri II, après avoir été sa préceptrice enfant, puis sa confidente. Le jeune roi avait alors 18 ans et Diane 38 ! Et en 1540, le couple entreprit la reconstruction du château.
Le château actuel (ou ce qu'il en reste) n'a pas son aspect d'origine. En effet , le duc de Vendôme, au XVIIe siècle, effectua de nombreuses transformations dans le domaine. Pour ce qui concerne le château, il remania la façade dans un style classique, supprima les meneaux aux fenêtres, ouvrit des portes fenêtres au rez de chaussée, rehaussa le bâtiment pour créer de nouveaux appartements . Il créa aussi en 1680 un magnifique escalier d'honneur à l'intérieur.
Photo: Jacqueline Mazeau.
Cet admirateur de l'antiquité qu'était le duc de Vendôme a ainsi fait décorer la façade de 8 pilastres ioniques. Ici au centre, on aperçoit un trophée guerrier de style Louis XIV.
Sur les clochetons, un croissant de lune évoque encore Diane, déesse de la chasse - et Diane de Poitiers.
La visite intérieure:
Nous avons découvert un intérieur de château magnifiquement meublé et orné.Certains éléments sont d'origine, décors et ameublement ont souvent été reconstitués au XIXe siècle, notamment par Ferdinand Moreau. Hélas, les photos n'étaient pas permises. On se contentera donc d'un aperçu grâce à 4 cartes postales vendues au château et reproduites ci dessous.
Nous empruntons d'abord un escalier qui nous mène à la chambre de Diane de Poitiers :
belle surprise: nous pouvons y admirer le beau lit à baldaquin de Diane; il aurait été retrouvé dans une maison du village et restauré.
Le lit de Diane de Poitiers. Carte postale.
Le plafond est d'époque, mais a été apporté d'ailleurs.La pièce est ornée d'une belle tapisserie d'époque. Les vitraux des fenêtres sont également en partie d'époque.
Nous découvrons ensuite le grand salon, immense, admirablement meublé et orné. Il est d'ordinaire utilisé par les propriétaires actuels. Le sol est couvert d'un immense tapis de 75 m2 , pesant 300 kgs! On y remarque de beaux objets: une malle de voyage aux armes du Roi, un beau coffre à bijoux, des lustres de type Louis XIV - ou encore une belle porte restaurée. Au mur, notamment, un portrait de Diane de Poitiers par Salviati.
Nous parvenons ensuite au superbe escalier d'honneur créé au XVIIe par César de Bourbon, duc de Vendôme (fils d'Henri IV et de Gabrielle d'Estrées).
Carte postale.
Sol carrelé en damier, escalier à rampe de fer forgé considérée comme "hardie" à l'époque, Primitivement, il était orné de 8 bustes d'empereurs romains (toujours ce goût de l'antiquité du duc) - qui ont disparu. Cette réalisation terminée, le duc a pu accueillir dignement au château le Grand Dauphin pour une belle fête. On y remarque une sculpture du XIXe, cadeau fait à Ferdinand Moreau, une belle chaise à porteur, ou encore un portrait du duc de Penthièvre - proprétaire du château sous Louis XVI.
Nous gagnons maintenant le salon rouge.
Carte postale.
Le salon rouge.
Ce fut la chambre à coucher du Grand Dauphin lorsqu'il séjourna au château. Le décor est du XIXe. Joli plafond peint, beau lustre en verre de Murano... On peut y découvrir notamment un relief d'Andrea della Robbia et une lettre d'Henri II à Diane de Poitiers acquise par la famille.
Nous passons ensuite par la petite salle des faïences (jolie collection, notamment d'oeuvres de Bernard Palissy). et nous aboutissons à la salle à manger:
La salle à manger. Carte postale.
Le sol est du XVIe siècle. Du XVIe aussi est la tapisserie des Flandres, sur le thème de la chasse, qui orne le mur. Belle cheminée ornée, beau lustre encore. On peut y admirer des médaillons de Jean Goujon.
Ce château fut fréquenté par de nombreuses personnalités: Marie Stuart, reine de France et d'Angleterre, Henri III et sa mère Catherine de Médicis, Henri IV et Marie de Médicis, le Grand Dauphin (fils de Louis XIV), Louis XV, ou encore la princesse de Lamballe qui y passa ses derniers jours avant d'être victime des massacres de septembre 1792.
LA CHAPELLE FUNERAIRE DE DIANE DE POITIERS.
Il faut sortir du château pour la rejoindre: elle est en visite libre.
La chapelle sera commencée avant le décès de Diane de Poitiers, qui intervient en 1566 à la suite d'une chute de cheval, et c'est sa fille Louise de Brézé , duchesse d'Aumale qui la fait achever. Elle sera consacrée en 1577.
Détails de la façade, ornée de 4 pilastres corinthiens et de sculptures.
Photo: Claude Poirson.
Nous y voici : la chapelle est harmonieuse, mais beaucoup plus sobre et dépouillée que celle du château.
Photo: Jacqueline Mazeau.
Détails de l'abside.
Le tombeau de Diane.
Le 18 juin 1795, le tombeau est profané. Les restes de Diane seront récupérés par des femmes du village et enterrés au cimetière.
Vue latérale.
Le 29 mai 2010, suite à des fouilles réalisées par un professeur de médecine, les restes de la favorite d'Henri II sont identifiés et replacés dans le tombeau. Les restes contenaient un taux d'or 250 fois supérieur à la normale. C'est un des éléments qui a permis d'identifier le corps, car l'or étant le seul métal qui ne se dégrade pas, Diane soit en absorbait régulièrement, soit s'en pommadait , pensant que cela lui assurerait une plus grande longévité...!
Photo: Claude Poirson.
Détail du tombeau : pourquoi le choix de 4 sphinges - créatures mi femmes mi lionnes- au pied de celui-ci? L'enquête se poursuit!
FIN.
Cette page a été réalisée à l'occasion d'une sortie du Hurepoix's band, un groupe d'amis qui depuis 2009 randonne ou fait des visites en Hurepoix et souvent au delà.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire