correspondant agoravox

mercredi 29 novembre 2017

Les Ulis avant Les Ulis: une terre du HUREPOIX.



La ville des Ulis, créée officiellement il y a 40 ans, a poussé sur une terre du Hurepoix. Il s'agit du plateau de Courtaboeuf, qui domine la vallée de l'Yvette située plus au nord.
Mon petit doigt m'a dit que Les Ulis se sont installés sur, en fait, ce qui était l'ancien domaine du château de Saint-Jean de Beauregard, situé  tout près, au sud de la ville. C'est en effet la ferme de Villeziers, attachée au château, qui cultivait autrefois la partie qui constitue aujourd'hui la ville des Ulis.
On peut dire aussi qu'elle s'est construite sur une zone qui faisait partie du territoire de deux communes, Bures sur Yvette et Orsay. Dans un premier temps, une ZUP avait été créée sur

MANHATTAN sur Essonne...
Les Ulis, vus de Saint-Jean de Beauregard. JMS.

le plateau en novembre 1960, sur une surface de 265 hectares à cheval sur les deux communes; elle était gérée par un conseil de district de 8 membres, issus des deux conseils municipaux. Les constructions ont commencé peu à peu. Il a fallu attendre le 14 mars 1976,16 ans plus tard, pour que soit organisé un référendum : fallait-il regrouper Bures et Orsay avec la nouvelle ville, ou Les Ulis devait-elle devenir une commune à part? La majorité des habitants votèrent pour la 2e solution, ainsi que 22 élus sur 33. La commune des Ulis naquit officiellement le 17 février 1977. De mauvaises langues prétendent que des motivations politiques ont prévalu pour ce choix: cette solution aurait permis à Orsay et Bures de rester à droite... Les gens du plateau avaient majoritairement fait le choix inverse.


Si on allait à la recherche du Hurepoix avant les Ulis?

Au niveau étymologique, l'appellation "Les Ulis" viendrait du verbe issu du bas latin « uller » qui signifie « brûler ». « Le nom de la ville correspond donc aux terrains sur lesquels on brûlait autrefois les chaumes pour en constituer des engrais » . Cette opération réalisée par les moines de l'abbaye des Vaux de Cernay au Moyen-Age aurait permis de remplacer la forêt par un espace cultivable. Avant l'urbanisation, des champs de blé, de betteraves, de fraises, de légumes et de pâturages s'étendaient en effet à cet endroit.(1)
Plusieurs grandes fermes avaient exploité d'ailleurs, ce territoire : principalement les fermes de Villeziers, de Montjay, de Mondétour, de Courtaboeuf,  du Grand Vivier (2). Un internaute d'Orsay, Nicolas Koster, me fait part, sur la page Facebook "J'aime le Hurepoix", d'une autre étymologie:"J'avais lu une autre théorie qui parlait d'un gallo-romain nommé Uslo qui aurait possédé des terres sur le plateau", me dit-il. En effet, la région semble avoir été occupée dès l'époque gallo-romane, d'après certains vestiges trouvés au niveau du lycée actuel de l'Essouriau et vers Villejust.

Paysan cueillant des fraises sur le plateau de Courtaboeuf.1960. Cliché de Michel Duvergne.(Exposition Art et Architecture aux Ulis -Novembre 2017).

La ferme de Courtaboeuf, aujourd'hui enserrée dans la zone d'activités. JMS.

D'où vient le nom des Ulis?
C'est la SAMBOE (Société d'économie mixte d'aménagement de Bures, Orsay et Étampes) chargée de l'édification de la ville qui aurait proposé le nom "Les Ulis", une appellation issue de la toponymie locale. Y avait- il un lieu dit "Les Ulis" sur la zone ou non? Selon certaines sources (3) , il existait une seigneurie aux lieux dits Courtaboeuf et Grand Vivier dès le XII e siècle, et  le nom d'un fief des Ulys apparaît pour la première fois dans un inventaire de 1382. Est-on allé rechercher directement cette appellation dans des documents savants? A ce sujet, le témoignage d'une habitante d'Orsay, Josiane Mauchauffée, vient à notre rescousse : selon elle, "le terme toponymique Ulis existait déjà en 1950-60. Quelques belles maisons construites entre la rue des Chênes( Mondétour) et la rue des Ardennes ( alors chemin de terre) s'appelaient Villa des Ulis et Villa Boissière... L'escalier qui joint la rue des Ardennes à la route de Monthléry portait aussi le nom d'escalier des Ulis...Route de Montlhéry (à Orsay). un arrêt de bus  face à cet escalier  s'appelait " escalier des Ulis" ou tout simplement " les Ulis"". Donc à la lisière du plateau, à Orsay, se trouvait déjà, avant Les Ulis, un quartier où le nom de la future ville était utilisé. Simple appellation choisie pour un programme immobilier par un promoteur? C'était quand même une référence au Hurepoix ancien...Et l'escalier qui monte d'Orsay en direction du plateau ("escalier des Ulis") préexistait-il  à la "Villa des Ulis"? . Etait-ce ce voisinage seul qui avait donné l'idée d'appeler la nouvelle ville: les Ulis? Nous sommes finalement allés voir le cadastre napoléonien de Mondétour, et ô surprise: un lieu dit "Les Ulis" y figure bien, un peu au delà de la limite de Mondétour, à la lisière du plateau. Sur le plan Archangé de 1750, qui se trouve à la mairie d'Orsay, on peut voir qu'existait un chemin d'Orsay à Saint-Jean de Beauregard "en passant par Les Ulis". Mieux, on m'indiqua qu'un document du XVe siècle atteste que le dit fief des Ulis  se trouvait entre Montjay et Mondétour, c'est-à-dire à l'emplacement de la ville des Ulis aujourd'hui; il y aurait même eu une ferme, à peu près à l'est de l'actuel parc Nord, qui aurait été détruite au XVIII e siècle....Il est étonnant cependant que la dite ferme ne figure pas, du moins explicitement, sur la carte de Cassini ci dessous.


Carte de Cassini -XVIIe siècle.
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Les Ulis Limite communale.jpg

 Les Ulis a une forme en U et englobe le quartier de Mondétour à Orsay : à gauche les quartiers d'habitation, à droite la zone d'activités de Courtaboeuf .  
CLIQUER SUR LA CARTE pour l'agrandir.

Des lieux dits de l'ancien plateau de Courtaboeuf ont - il été repris pour désigner des quartiers ou des résidences de la ville?
C'est la question que nous nous sommes posés dans notre recherche du Hurepoix d'avant la ville... Courtaboeuf, Mondétour, Montjay, sont bien sûr des noms de sites antérieurs aux Ulis. Mais quoi d'autre? Les différents quartiers de la ville actuelle ont reçu, ont le sait , des noms de provinces


Plan de la partie "habitations" des Ulis.

françaises: ils s'appellent Champagne, Alsace, Ardennes, Normandie, Ile de France, Bourgogne, Franche Comté, Anjou, Périgord, Saintonge, Béarn, Cévennes, Ventoux, Franche Comté. Soit. Après tout, à l'origine, beaucoup d'habitants venaient de différents coins de France. A y regarder de plus près, les concepteurs de la ville ont même voulu faire du territoire des Ulis une sorte d'image de la France: au centre le quartier Ile de France, avec ses champs Elysées (Champs Lasniers), à l'ouest le quartier Normandie, à l'Est le quartier Ardennes et ainsi de suite...Y avait-il  suffisamment de lieux dits sur ce territoire fait de terres cultivées et de pâturages, pour qu'on y puise des noms pour la ville? Cependant , si l'on regarde de plus près les appellations des diverses résidences, certaines fleurent bon leur ruralité: les Hautes plaines, Tournemire, les Amonts, les Avelines, la Daunière, le Bosquet, Courdimanche, les Bathes , Chanteraine, les Chardons, les Millepertuis, les Fraisiers, le mas Laurent, le Bois du Roi....Il en est de même de certains noms de voies de circulation, à commencer par les Champs Lasniers, l'avenue principale des Ulis. Je ne vois à première vue qu'une référence claire au plateau d'avant Les Ulis: les fraisiers. D'où viennent donc les autres noms? J'ai consulté ici et là des personnes susceptibles d'avoir des lumières sur la question. J'ai ainsi appris que Chanteraine  viendrait effectivement d'un nom de lieu-dit local: "chante rainettes". Par ailleurs, le terrain du collège des Amonts serait sur un lieu dit  TROU ROUGE, mais l'appellation n'a pas été reprise pour désigner quoi que ce soit. Ensuite je me suis interrogé sur le nom de l'actuelle résidence du bois du Roi  aux Ulis: renvoyait-il à un ancien lieu dit local? D'après Josiane Mauchauffée, ce nom avait été attribué dans les années  30 à un lotissement de pavillons situé à Orsay tout près de l'actuelle rue des Ardennes : ensuite un ancien chemin proche avait été transformé en rue et appelé en conséquence  "rue du bois du Roi". Cette appellation se référait-elle au départ à un éventuel ancien bois de ce nom?. Le nom de l'actuelle résidence du Bois du roi aurait-il juste été  choisi car tout proche d'un quartier et d'une rue d'Orsay appelés ainsi? Sur la carte d'Archangé de 1750, on voit  qu'une  "route royale pour la chasse" traversait les bois situés au sud d'Orsay.Il y a peut-être eu en conséquence une appellation de ce type? La récolte était maigre. Décidément, je me disais qu'il y avait très peu de références au Hurepoix d'avant les Ulis dans notre ville, mis à part le nom même de la ville.


Il existait déjà à Orsay-Mondétour une rue et un chemin du Bois du Roi.

Lorsqu'un beau jour, un internaute me communiqua sur la page Facebook "J'aime le Hurepoix" un document officiel (4) qui m'apprit que les concepteurs des Ulis n'avaient pas voulu justement qu'il y ait une rupture brutale dans la nouvelle ville avec ce qui existait avant, et que, pour cette raison "l'appellation des résidences provient des noms des terroirs mentionnés sur le cadastre napoléonien". Grande nouvelle! Ainsi donc le passé du territoire n'aurait pas été rejeté dans les oubliettes du modernisme! Hommage lui serait donc rendu par ces noms  qui m'avaient semblé fleurer bon leur ruralité! Sur le cadastre de Mondétour, je ne repérai, outre le lieu-dit "Les Ulis", que "les pendants de Villeziers" qui ont donné leur nom à une résidence (quartier Ventoux). L'examen du cadastre de Bures sur Yvette (section Montjay) a été plus fructueux : il existait bien un lieu dit "champ lasnier", d'où le nom de l'avenue principale des Ulis, "champs lasniers"au pluriel(clin d'œil aux Champs Elysées parisiens), un lieu dit "Les Amonts", un autre nommé "la dimancherie" (une école a pris ce nom), un autre nommé lessouriau (d'où le nom de l'actuel lycée)... Dans le quartier Champagne, une résidence s'appelle "Les Vignes", sans doute un écho au lieu dit "La vigne de Bures" du cadastre. Dans ce quartier, les Pampres et la Treille ont sûrement été nommés dans la logique de l'idée de la vigne et non à partir de lieux dits préexistants. Dans le quartier Cévennes, il existe une résidence "le mas Laurent", appellation visiblement inspirée par le lieu dit " la mare Laurent" . La moisson est un peu plus réconfortante! Néanmoins, les autres noms de résidences ne correspondent pas à des lieux dits figurant sur le cadastre napoléonien. Les créateurs de la ville ont dirait-on bien manqué de noms locaux et complété par des noms ruraux empruntés peut-être ailleurs, à d'autres régions. Chanteraine, qui ne figure pas sur le cadastre, en est un exemple, ou encore Les Avelines , référence aux noisettes...les Hautes plaines, la Chataigneraie sont des créations à connotation rurales faciles. Il en est de même des Bergères, nom des hautes tours de la ville: une création sans doute métaphorique de plus, du fait de leur haute taille, les autres résidences ou maisons apparaissant comme le troupeau qu'elles guident...Cependant les Bathes, le Barceleau, le Vaucouleur, les Millepertuis, Tournemire, la Daunière ... laissent davantage perplexes...Il y a bien des archives quelque part  qui en parlent? L'enquête se poursuit.

Aucune référence au mot "Hurepoix" aux Ulis.
Il y a une lacune qu'on pourrait peut-être éventuellement combler: il n'y a pas de  référence au mot HUREPOIX dans notre ville, pour nommer un quartier, ou pour désigner ne serait-ce qu'une ruelle? C'est un peu dommage! S'il y avait une telle référence, cela rappellerait que nous sommes dans cette région et cela favoriserait un sentiment d'appartenance  à celle-ci?
Pourquoi par exemple ne pas nommer le parc Nord , qui n'a pas vraiment de nom: parc du Hurepoix? D'ailleurs, n'est-ce pas réellement un petit morceau de Hurepoix qui a été préservé? De plus, il est contigu au quartier Ile de France, cela ne contredirait pas la logique  des appellations de la ville...  Quant au parc sud, on pourrait lui donner le nom du lieu dit le plus proche, par exemple "parc des Gâtines "( lieu dit voisin). Ou encore, le nom que le site avait au XVIIe siècle, si j'en crois la carte ci dessus: parc ou bois des Carres? Qu'en pensez-vous?

JMS dernière mise à jour 27/12/17.

POST SCRIPTUM : EN NOVEMBRE 2019, une rue nouvellement créée suite à un réaménagement d'une partie du centre ville a été  baptisée rue du Hurepoix ! L'oubli initial est donc corrigé!


AVANT LES ULIS: LE  TEMOIGNAGE D'UNE HABITANTE D'ORSAY.
Née en 1945, Josiane Mauchauffée vivait avec ses parents à Orsay, rue de Villeziers, c'est-à dire à la lisière est du territoire actuel des Ulis. De chez elle, pendant toute sa jeunesse, elle avait vue sur la partie du plateau qui correspond au Nord de l'actuelle ville, située entre Mondétour et Montjay.

  "Mon enfance s'est déroulée au milieu des champs, entre Mondétour, Montjay et Villeziers. Mon jardin  jouxtait les champs , mon horizon, c'était Montjay. A la nuit tombante, je regardais scintiller au loin les maigres lampadaires de la rue du Beau Site ( Montjay)" dit-elle. Et elle ajoute joliment:
"L'hiver, un vent méchant soufflait de l'ouest, et balayait les champs dénudés entre Montjay et ma maison ; je passais des heures à regarder la course des nuages au-dessus de cet univers inanimé."

CLIQUER SUR L'IMAGE POUR L'AGRANDIR.
On aperçoit à droite la rue de Villeziers, et la rue du Bois du Roi, à Orsay. On voit à gauche une partie du nord des Ulis .
Le village de Montjay (situé dans la commune de Bures) se trouvait tout à fait à gauche, Mondétour est à droite.
Villeziers est aujourd'hui un hameau situé au sud des Ulis, dans la commune de St Jean de Beauregard.
(Voir la carte de Cassini au dessus).

*LES RUES DES ULIS AVANT LES ULIS:

Où il apparaît que les voies principales de la nouvelle ville sont les anciennes routes  du plateau rebaptisées.

. Quartier Ardennes (voir carte n°2 au dessus):
Les rues qui le délimitent étaient autrefois des chemins de terre:
"Des chemins de terre délimitaient un quadrilatère  repris par la voirie des Ulis : avenue de Villeziers à Mondétour, avenue d'Alsace, rue de Champagne, rue des Ardennes, chemin du Bois du Roi."

. Autres rues des Ulis reprenant un tracé antérieur:

Depuis Orsay (Mondétour) deux routes traversaient le plateau, l'une menant à Montjay, l'autre à Villeziers, deux villages de quelques centaines d'habitants, tous deux dotés d'une ferme, d'un café épicerie tabac, et d 'une chapelle , selon Josiane.

"Les actuelles avenue de Bourgogne-rue des Cévennes s'appelaient alors Route de Villeziers ; en 1950, elle était asphaltée mais sans trottoirs : c'étaient des caniveaux remplis d'eau l'hiver, et une lisière herbeuse le long du champ." 
Le début de cette route est toujours là à Orsay (cf plan ci dessus)

Villeziers et sa ferme existent toujours, ils font partie de la commune de Saint-Jean de Beauregard.
"La ferme abritait le café-épicerie Godier, où j’allais souvent avec mon oncle, bien calée dans sa carriole à mains. Pendant qu’il faisait ses achats, je regardais les canards de la mare"(située en face), nous dit Josiane.

 "L'avenue de Berry et l'avenue d'Anjou étaient autrefois  la route de Montjay".
Le début de cette route est toujours là à Orsay (Cf plan ci dessus)

 
La chapelle ND de Montjay a été édifiée dans le corps de l'ancienne ferme suite à une donation de 1954 (commune de Bures sur Yvette).

. A propos de l'"escalier des Ulis" à Orsay (cf carte):
"L'escalier qui joint la rue des Ardennes à la route de Montlhéry portait aussi le nom d'escalier des Ulis. Seule la partie basse entre la rue des Platanes et la route de Montlhéry. était utilisée ; la partie haute était envahie de ronces et d'orties, totalement impraticable. De plus les marches en terre étaient démolies, les enfants s'en servaient comme piste de glissades"

* A PROPOS DE L'ACTUEL PARC NORD:
Selon Josiane, le plateau était parfaitement plat, et sec, il ne s'y trouvait pas d'étang. Le parc Nord, ses étangs, ses collines (constituées par des remblais de terre retirés des fondations des immeubles) sont  bien une parfaite création des architectes.

* A PROPOS DE LA FERME DE MONDETOUR:

"Quand j'étais enfant ( 1950-55) les terres occupées maintenant par l'école étaient encore cultivées et entourées par des murets. Les ouvriers agricoles habitaient la ferme elle-même. Plus tard, c'est M. Bonvicini qui y a installé son ébénisterie Les Compagnons du Rabot ( 1957-58 )."

Les activités agricoles sur le plateau :

Josiane Mauchauffée se souvient:

"L'espace qui s'étendait entre Mondétour et Montjay ( actuellement Les Ulis Barceleau et Bathes) était couvert de champs de fraises appartenant à un cultivateur de Villeziers, M. Poirier ( ça ne s'invente pas !). Il faisait de la vente ambulante de légumes dans les rues de Mondétour, avec une camionnette. Dans les années 1950, son véhicule était une carriole hippomobile bâchée. Pour les fraises, après la cueillette le matin dans les champs, les cageots étaient stockés au frais dans des cabanes de paille jusqu'au ramassage en fin d'après-midi par la camionnette. L'hiver, les cabanes de paille servaient de refuge aux chasseurs. Au printemps, certains couples d'amoureux s'y ébattaient (ah bon?). "
    
Une de ces cabanes de paille dont parle Josiane (au fond à droite).

La cabane qu'on voit  derrière ce sympathique bonhomme de neige" se trouve à peu près à l'emplacement des immeubles de l'allée Limousine, au Barceleau." explique notre témoin." Le champ avec les pommiers recevait en alternance des fraisiers pendant trois ou quatre ans, puis du blé pendant un an pour reposer la terre. Les pommes étaient affreusement acides, petites et piquées des vers ! ( il y avait de gros trous dans notre grillage, je m'y faufilais en été et j'allais chaparder une ou deux pommes...). A l'époque de la cueillette des fraises, les ouvriers/ères arrivaient très tôt, à la fraîche, vers 7h le matin. Ils étaient cinq ou six, et mettaient la matinée pour " faire" tout le champ ( qui descendait jusqu'à la rue du Bois du Roi). Les fraises étaient rangées dans des paniers d'osier, sur un lit de feuilles et recouvertes de feuilles pour les garder au frais. Les paniers, entreposés dans la cabane, étaient "ramassés" par une camionnette en fin de matinée ou tout début d'après-midi et emportés, où ??? à la gare pour partir sur Paris ? M. Poirier vendait une partie de sa récolte en porte à porte l'après-midi dans Mondétour. Souvenirs, souvenirs, j'avais entre 6 et 8 ans..."

ALBUM DE PHOTOS:
Josiane  a eu la gentillesse de nous ouvrir son album de photos.

Sur la route de Montjay, qui traversait l'actuel nord des Ulis d'est en ouest. En arrière plan: Mondétour.

Cette photo de 1937 est prise entre l'actuelle rue des Ardennes  (auj aux Ulis)  la rue de Villeziers ( à Orsay), dont on voit la ligne de maisons au fond. Entre les deux un autre chemin devenu la "rue du Bois du Roi".
Donc nous sommes vraisemblablement à l'emplacement de l'actuelle Résidence Le Bois du Roi...
"A droite du couple sur la photo,  les champs de M. Poirier ( agriculteur à Villeziers)."On le distingue mal, mais" sur leur  gauche, un agriculteur est occupé à récolter sans doute des salades mises à blanchir sous cloches ( taches blanches)" .

Cette photo est prise sur la route de Montjay, mais côté Montjay cette fois; en arrière plan, ce sont les  champs en direction de Mondétour. On aperçoit à gauche quelques arbres qui bordaient ce qui est devenu l'avenue de Champagne et une meule de paille, banale dans le paysage d'alors.
"Parfois elles prenaient feu: voir au loin ce brasier dans la nuit me terrorisait" dit Josiane, qui avait alors 6-7ans; La photo date donc de 1951-52.

Sur cette photo de 1960 on voit le viaduc de Mondétour (à droite : Orsay). L'éphémère voie ferrée Paris-Chartres y passait. "On voit encore l'arène sableuse laissée par le ballast de la voie Paris- Chartres : cette coulée verte était la promenade favorite des gens du coin le dimanche". Depuis la route  qui relie directement Les Ulis à l'A10 , qu'elle rejoint à la hauteur de Massy-Palaiseau, y passe.
"Hiver 68: le chantier des Ulis vu de ma chambre"
Ce qui nous rappelle que si Les Ulis est née officiellement en 1977, les constructions avaient commencé bien avant. Ce sont les BATHES que l'on aperçoit ici. Les premiers habitants étaient  des étudiants de l'Université d'Orsay. Puis vinrent de jeunes couples avec des enfants en bas âge...

Même époque: on aperçoit sans doute à gauche les baraques des ouvriers. Au fond, on voit un espace boisé qui se trouvait derrière le chemin rural devenu l'avenue de Champagne: vraisemblablement le bois qui borde encore l'actuel parc Nord. "Il y avait une maison de week-end rarement occupée " nous dit Josiane. A l'époque, d'après Josiane, on appelait ce bois "le bois Marie", on y passait pour descendre à Bures.

Les Ulis en 1969 (cliquer sur l'image pour l'agrandir):
L'avenue de Villeziers est en bas et à droite; en face le Barceleau, plus loin les Bathes, plus à droite le Bois du Roi en construction (on devine des grues);à gauche, diverses autres résidences, au fond à gauche, les tours des Ulis (les Bergères), et à droite des tours le vaste espace plat bordé d'un bois où a été créé l'actuel parc Nord. Pas d'étangs, pas de collines à l'époque! On devine le tracé de la future avenue de Champagne entre cet espace et Barceleau/ Bois du Roi.

Josiane a donc vécu là, à la lisière du plateau, une enfance heureuse à la campagne, jusque dans les années 60:
" J’ai tant de merveilleux souvenirs : un large horizon, le vaste ciel  au-dessus des champs, les oiseaux... Merveilleuse enfance!  Voilà pour le quart d’heure nostalgie, qui explique qu’Orcéenne de fait, je suis quand même aussi un peu Ulissienne: le plateau, c’était mon terrain de jeu!"

  UNE PHOTO QUI EXPLIQUE BEAUCOUP DE CHOSES...

Maison de la rue de Villeziers aujourd'hui.
En arrière plan, un bâtiment du Barceleau.

Un beau jour, les riverains de la rue de Villeziers à Mondétour, ont vu se dresser une muraille devant leurs fenêtres! Adieu la vue imprenable sur la campagne du plateau!
On peut deviner que la création des Ulis n'a pas fait que des heureux! On peut même dire qu'une certaine ulissophobie s'est déclarée à l'époque chez les riverains...

Ils  ont demandé à la municipalité d'Orsay de planter un rideau de peupliers pour leur cacher la vue des bâtiments...
Et ceci explique sans doute aussi un certain problème de rues en impasses revenu récemment dans l'actualité!

Néanmoins, les habitants de Mondétour ont trouvé tout de même un avantage à la création des Ulis: ils ont pu  faire leurs courses à pied au petit centre commercial de Courdimanche tout proche, ce qui leur évitait d'aller jusqu'au centre ville d'Orsay...

GRAND MERCI A JOSIANE POUR CES INTERESSANTS RENSEIGNEMENTS ET DOCUMENTS !


Autres sources: (1):exposition Art et Architecture aux Ulis.(3): wikipedia et diverses.(4) Document officiel: diagnostic patrimonial Ile de France.

(2 ) Sur les FERMES du plateau de COURTABOEUF, voir notre article:
https://jmsattohurepoix.blogspot.com/2017/02/lancienne-ferme-de-courtaboeuf-aux-ulis.html                                                                                             

* A VOIR AUSSI:
          LES ULIS, UNE REVE D'ARCHITECTE ANCRE SUR UNE TERRE DU HUREPOIX:
                             visite de l'exposition ART et ARCHITECTURE aux ULIS.
          Cf: https://jmsattoblogazettedesulis.blogspot.com/2017/11/les-ulis-un-reve-darchitecte-un-petit.html

lundi 27 novembre 2017

QUAND Le HUREPOIX ETAIT UNE REGION DE VIGNES.

                    Une présence de la vigne attestée dans les communes du Hurepoix.

Savez vous que la vigne autrefois était cultivée sur le territoire de 194 communes de ce qui est aujourd'hui l'Essonne, partie prenante du Hurepoix? On y produisait un vin blanc ( à l'origine un vin de messe) qui était très apprécié, y compris dans les cours d'Europe. Par la suite, avec le développement de Paris, on produisit aussi du vin rouge, qui correspondait à une demande, mais sa qualité était moindre, les conditions climatiques n'étant pas suffisantes, et les vignes ont bientôt disparu. Dans certaines communes, on organise encore cependant des fêtes de la vigne. "Entre 1984 et 1988, quand j'étais maire, j'organisais encore une fête de la Vigne à Vauhallan", explique Renée Delattre, aujourd'hui présidente du syndicat d'initiative. A ce titre, elle ne manque pas chaque année d'entretenir  la mémoire de ce passé viticole de la commune. A l'occasion de la fête de la gastronomie, une exposition était ainsi organisée dans ses locaux samedi 24 septembre: la présence de vignes dans la commune et dans les communes voisines (Igny, Massy, Orsay, Palaiseau ...) y était attestée par des  cartes postales et d'autres documents. Dans toutes ces communes, des noms de chemins et de rues ("chemin des vignes" "rue des caves"...) rappellent par exemple la présence de la vigne. D'autres documents et objets en rapport avec le thème de la vigne étaient présentés. Symboliquement, un beau panier de "chasselas de Fontainebleau accueillait les visiteurs: est-ce donc qu'on en produit encore dans le sud de l'île de France? Il paraît même qu'on essaie de réintroduire de la vigne du côté d'Antony...

Cette carte postale ancienne atteste la présence de la vigne (premier plan) sur un coteau dominant le village de Vauhallan.

Au fond, la même colline aujourd'hui, complètement couverte de bois.

                          Une promenade révélatrice dans le village de  de Vauhallan.

Une petite balade dans Vauhallan "sur le chemin des vignes" a été édifiante: Renée Delattre, la présidente du syndicat d'initiative, fit découvrir dans le village aux curieux du sujet plusieurs "maisons de vigneron", reconnaissables à la présence d'une porte basse (celle de la cave) et d'un escalier extérieur permettant d'accéder, à l'étage supérieur, dans la maison. Preuve évidente de l'importance de l'activité viticole dans ce village autrefois. Grâce à une carte postale, on repéra l'emplacement, sur un coteau dominant le village, des anciennes vignes, auxquelles s'est substitué aujourd'hui un bois. Un petit tour dans l'église , sous la houlette de Pierre et Anne Wallez,  permit de découvrir un vitrail représentant Saint Vincent, patron des vignerons, offert en 1859 par la Confrérie des vignerons, autre preuve irréfutable de leur prospérité, encore, au XIX e siècle!

La séquence s'est close par une collation autour du raisin, fête de la gastronomie oblige.

Un ouvrage sur la Vigne en Essonne, fruit d'un travail de 7 années de chercheurs de l'Université du Temps libre, est paru en 2016. Lecture recommandée!
           
                                                                                                        JM SATTONNAY.

                                                             D'AUTRES IMAGES:



Symboliquement, un beau panier de "chasselas de Fontainebleau" accueillait les visiteurs devant le syndicat d'initiative.

L'exposition présentait toutes sortes de documents et objets en rapport avec la vigne.

Renée Delattre emmène les curieux du sujet sur "le chemin de la vigne".

Un petit tour à l'église.

Le vitrail de Saint Vincent, patron des vignerons, offert par la Confrérie des vignerons en 1859.

Près de l'église, deux maisons de vignerons parmi d'autres...

On les reconnaît par la présence d'une porte basse (de cave) et d'un escalier donnant accès à la maison.

Un autre exemple, cette fois au pied de la colline des vignes.

QUELQUES TEMOIGNAGES sur la présence de la VIGNE en HUREPOIX:

* LA VILLE DU BOIS/ CHAMPLAN:
"J'en connais à La Ville du Bois et dans mes souvenirs (lointains) il y en avait plein sur les coteaux Sud de la butte Chaumont à Champlan. Le résultat obtenu était un petit vin de qualité assez médiocre." Jean-Paul Baut.

* MARCOUSSIS:
"A Marcoussis: souvenirs d'enfance à fouler le raisin dans les baquets. du cépage Noah" .Pierre Willocq.

"Dans notre jardin il y avait même un pressoir qui a disparu pour faire une pièce d' habitation " Catherine L..

"Il y avait encore de la vigne sur nos terrains en 1963. Du carrefour de la rue de la Carriere et des Sorbiers jusqu'à l'entrée du bois tout en haut". Anna M...

                                                                     * ORSAY:

" Il y a encore comme trace la résidence des vignes. Ceci étant, j'ai entendu dire que le vin produit n'était pas exceptionnel." Nicolas Koster.
"Il y a un chemin des Vignes au Guichet" Liliane M.

                                                            * FORGES LES BAINS :

"Moi j'ai grandi à Forges les Bains : on e une rue qui s'appelle Moque-Bouteille... c'est le nom qui avait été donné au vin forgeois" Jonathan B.


                                                              * SAINT ARNOULT:
"A St Arnoult dans la direction  de Clairefontaine ,face à Simply, il y a toujours une vigne."Martine R.

"En 1822, il y avait 25 hectares de vignes à Saint-Arnoult et l'île de France était la première région productrice de vin en France.

Aujourd'hui, située sur un terrain communal de 3,5a, le vignoble composé de 1260 pieds de cépage Chardonnay orne le coteau faisant face à la zone d'activité de la Fosse-aux-chevaux. Le raisin blanc est cultivé chaque année avec soin, selon la taille dite double cordon royat (plus adaptée pour produire une bouteille par pied).

Avec ses saveurs subtiles, tantôt fruité, tantôt doté d'arômes floraux avec un degré d'alcool de 12,5°, le Clos du Prieuré est sans nul doute vin de qualité. vin de Saint Arnoult

Chaque année, depuis 10 ans, l'association Le Sarment Arnolphien, en charge de nos pieds de vigne, tend à reconstituer un vignoble municipal pour rénouer avec les traditions viticoles passées de Saint-Arnoult-en-Yvelines. (site de la ville de St Arnoult)" - Martine R.


                                                                  * A LIRE:
NOUS SOMMES PRENEURS DE TEMOIGNAGES OU IMAGES CONCERNANT LA PRESENCE DE LA VIGNE DANS LA REGION hier et aujourd'hui...      





samedi 25 novembre 2017

A VOIR: LE SECOND EMPIRE OU L'AUBE DE LA MODERNITE, par l'association "Des auteurs et des voix".

            A travers textes et chansons, la fresque réussie d'une France qui change.

L'association DES AUTEURS ET DES VOIX de BURES SUR YVETTE propose des lectures publiques de textes sur un thème donné. Après avoir évoqué par cette méthode en 2014 la dure vie des poilus dans les tranchées en 14-18 , puis en 2015 ce bel âge pas toujours facile à vivre qu'est la jeunesse, et  nous avoir entraîné en 2016  dans un salutaire  « Voyage au Siècle des Lumières », Arlette Calloud et ses complices nous proposent pour la saison 2017-2018 une évocation, à travers textes et chansons, du Second Empire. Projet intéressant, car on parle peu  aujourd'hui, de cette période, qui a pourtant fait naître, selon le mot de Gambetta , "une nouvelle France".

Nous avons pu assister à la séance proposée à Bures sur Yvette  le 24 novembre 2017.

Pendant 1h45 , Arlette Calloud, Jean Lallot, et Bruno de Monès, à travers textes et  aussi chansons (jolie performance en la matière de ce dernier), réussissent une belle fresque de cette période, qui débute après la Révolution de 1848, avec l'accession au pouvoir de Louis Napoléon Bonaparte, futur Napoléon III, et s'achève avec le fiasco de la guerre franco-prussienne de 1870 qui met fin à l'Empire. Tout ou presque y est: l'exil tonitruant de Victor Hugo, le mode de vie luxueux de la cour impériale, la dure condition des mineurs ou des canuts de Lyon, les premiers pas du marxisme, la transformation radicale de Paris sous la direction du préfet Haussmann, l'essor des grands magasins

                                 Arlette Calloud, Jean Lallot  et Bruno de Monès sur scène.

(au détriment des petits), le goût du divertissement chez les Parisiens qui se traduit par l'essor des théâtres, la censure politique (interdiction de journaux hostiles au pouvoir) et morale (Mme Bovary de Flaubert et Les Fleurs du Mal de Baudelaire mis en cause); la pudibonderie de l'époque voisinant avec certaines moeurs dissolues ; le développement de la photographie; l'essor d'une nouvelle forme de peinture, qu'on appellera impressionniste, rejetée par l'Académie, et la création du salon des Refusés; le succès de la musique d'Offenbach, la désastreuse guerre de Crimée, les promesses du progrès technique....
On replonge, par les textes, dans une époque, dans ce qui l'anime, l'agite. Une vivante leçon d'histoire.
On imagine l'énorme travail de recherches de textes en amont de la part d'Arlette et  Jean-Marc Calloud, qui s'en sont chargés.

Des textes articulés avec gourmandise...

Et puis, il y a le plaisir  des  textes, articulés avec gourmandise et efficacité par 3 lecteurs expérimentés. Ceux notamment des plus grands:  Lamartine, Hugo, Zola, Flaubert, Baudelaire... Le plaisir aussi de découvrir quelques "perles", moins connues, comme cette évocation pleine d'esprit des fêtes impériales par Maxime du Camp.

La belle voix grave de Bruno de Monès, interprète des chansons, a été remarquée.

La séance se déroule selon une conception bien rôdée:
les textes, nombreux, s'enchaînent naturellement , sous une forme souvent dialoguée;   des intermèdes  musicaux enregistrés bienvenus créent une sorte de respiration entre les phases de lectures ; la bande sonore comporte aussi quelques indications contextuelles utiles. Et cela fonctionne: l'attention extrême du public était ce samedi 24 novembre le signe  même du succès!

A ne pas manquer, donc.

NB: dans une séance antérieure, l'après midi, une version allégée de ce programme, d'une durée d'1h20, avait été proposée avec succès à 85 personnes, dont deux classes de 2e des lycées d'Orsay et de Gif sur Yvette. D'autres séances pour scolaires sont en préparation.

                  PROCHAINES REPRESENTATIONS:
             
             * VENDREDI 12 JANVIER à 20H30 à la MJC Cyrano de GIF sur YVETTE.

             * DIMANCHE 25 MARS à 16h30 à la maison Jacques TATI à ORSAY

                  INSCRIPTIONS RECOMMANDEES auprès d'Arlette CALLOUD.
                  
                  TOUS RENSEIGNEMENTS SUR LE SITE DE L'ASSOCIATION:

                                            https://desauteursetdesvoix.jimdo.com/



PS : Un petit bémol cependant : de cette peinture d'une époque à travers les textes parus à ce moment là se dégage finalement une image plutôt négative - assez traditionnelle d'ailleurs -  de celle-ci, qui me semble contredire un peu l'intitulé du spectacle. Les écrits cités émanent souvent d'une opposition républicaine frustrée par l'échec de la révolution de 1848, dont la plus grande voix est celle de Hugo. Et peut-être les écrivains, comme les journalistes, ont- ils tendance à parler plutôt de ce qui ne va pas. Les travaux d'Haussmann par exemple sont jugés au prisme des expulsions inévitables, ou des profiteurs qui rachètent les maisons pour empocher les dédommagements de l'état. Mais dédommagements il y a eu! Oui, bien sûr, il est plus difficile de monter des barricades dans de larges avenues, mais Napoléon III , en Saint Simonien convaincu, avait théorisé l'idée d'une capitale organisée et saine, ainsi conçue. Et c'est bien Haussmann qui a fait de Paris la plus belle ville du monde ! La construction de l'opéra née de la crainte d'un attentat, après celui d'Orsini? Un peu réducteur, peut-être... Les notations positives, au fil des lectures, sont furtives: ah tiens, Napoléon III est intervenu lui-même pour défendre l'œuvre de Manet, et permettre la création du salon des Refusés: un monarque éclairé alors? Ah, tiens, la princesse Mathilde a pris la défense de Flaubert et de sa Madame Bovary...Ah tiens, le régime a fait progresser l'école. On est presque surpris d'apprendre que Napoléon III a gagné haut la main deux plébiscites: le peuple était-il donc masochiste? Il faut attendre l'espèce d'hommage paradoxal du républicain Gambetta, une fois l'Empire déchu, pour corriger un peu l'impression: à l'issue de la période, "une nouvelle France est née!".

Peut-être ce jugement des textes est-il donc un peu injuste avec celui qui déclarait rechercher "l'extinction du paupérisme"(1) par la prospérité économique. Et prospérité il y eut, favorisée par une stabilité de l'état. Napoléon III avait des idées sociales, en bon Saint Simonien là encore, et, si l'on en croit les historiens, il a eu une politique sociale vis à vis des ouvriers. Sous son règne le sort des paysans s'est de plus  amélioré, et sous l'impulsion de Victor Duruy beaucoup a été fait pour l'instruction du peuple: nombre de mairies écoles ont été construites pendant cette période, les filles ont pu accéder à l'enseignement...Que dire encore? Un début d'industrialisation s'est produit. C'est à cette époque que les voies de communication en France se sont améliorées, et que le réseau ferré s'est développé...

(1) Louis Napoléon Bonaparte: "De l'extension du paupérisme" 1844.




mardi 21 novembre 2017

LES ULIS, UN REVE D'ARCHITECTE! Un petit tour au forum ART et ARCHITECTURE au CC Boris Vian.


Imaginer une ville, une chance pour un architecte.
Dernière grande manifestation voulue par la municipalité pour célébrer les  40 ans des Ulis, le forum ART et ARCHITECTURE s'est tenu au Centre Culturel Boris Vian du 3 au 26 novembre 2017. Dans le vaste espace de 400 m2 où avait été installé l'exposition, le visiteur pouvait découvrir notamment de grands panneaux photographiques présentant des formes architecturales réalisées ou non, parfois de simples rêves d'architectes, ou encore la  superbe maquette géante d'un pont conçue par  Séverine Hubard. Une section entière était consacrée à la gestation des Ulis , à ses architectes Robert Camelot et François Prieur, auxquels s'ajouta Georges -Henri Pingusson:  on découvrait leurs conceptions architecturales, les esquisses préparatoires et les maquettes réalisées par eux de la future ville des Ulis, ou encore du parc Nord.

Robert Camelot et François Prieur: maquette du parc Nord.
On peut s'amuser au jeu des ressemblances et des différences par rapport au parc actuel.

Sur un mur du local s'affichaient de grandes photos aériennes montrant l'évolution  au fil du temps du territoire où Les Ulis  a pris forme peu à peu. Le visiteur ulissien a été probablement directement intéressé par cette partie de l'exposition. Peut-être aura-t-il deviné ce qu'a pu avoir d'exaltant, pour les architectes, le fait d'avoir à créer ex nihilo une ville entière, et d'avoir pu appliquer pleinement à cette occasion les conceptions architecturales nouvelles qui les habitaient. Ces conceptions sont  largement héritées de celles de Le Corbusier, exposées dans son ouvrage La Ville heureuse, présenté à l'entrée de l'exposition.

Le projet des architectes:

Le projet de Camelot et Prieur était celui d'une "ville humaine". Un des aspects était la séparation des voies piétonnes, bordées de commerces, en hauteur, et des voies automobiles; l'idée était que les hommes puissent traverser leur ville sans rencontrer de voitures. Certains quartiers devaient être bâtis sur des dalles, et des passerelles permettraient de passer de l'un à l'autre. Chaque quartier serait doté d'une forme architecturale propre, qui lui donnerait son identité. Il y aurait un centre commercial central, et de petits centres commerciaux secondaires. La hauteur des immeubles devait diminuer à mesure que l'on s'éloigne du centre, afin d'incorporer en douceur la nouvelle commune aux zones pavillonnaires limitrophes. Les tours, conçues de façon à éviter toute monotonie, auraient pour office de signaler le centre ville dans le paysage. Et bien sûr, il y a eu le souci d'aménager des espaces verts: le parc Nord, le parc Urbain auxquels s'ajoute le bois des Gâtines baptisé aujourd'hui parc Sud.
Tout n'a pas été exactement réalisé comme les architectes l'avaient prévu, mais l'essentiel a vu le jour.

Michel Robin: feu vert. Peinture.1980.


Art et architecture.
Etaient exposés aussi une peinture et une sculpture de Le Corbusier. Façon de rappeler que l'architecture est aussi un art?

Une sculpture de Le Corbusier était exposée.

Comment ne pas voir dans la maquette de pont de Séverine Hubard, dont nous parlions ci dessus, un bel objet d'art? Les formes de ce pont imaginé par elle se caractérisent par leur esthétisme, elles n'ont pas été définies par leur seule fonctionnalité. Qui n'a pas ressenti une émotion esthétique devant le viaduc de Millau ou le bâtiment de la fondation Vuitton par exemple?  Et en ceci, l'architecture confine à la sculpture. Créer une ville ex nihilo, c'est en imaginer et répartir les volumes et les formes, de façon harmonieuse, en conciliant fonctionnalité et esthétisme. Opération mentale d'abord, il faut la rêver, la ville! Puis le rêve se concrétise à travers une maquette. A ce niveau, c'est déjà de la sculpture. La seule différence avec une sculpture, c'est que l'architecte, au stade terminal,  n'édifie pas la ville directement de ses mains...

Sévérine Hubard:"On n'a jamais été aussi proche".
Une maquette titrée comme une œuvre d'art.

La ville, une réalité en évolution.
Ensuite la ville évolue, certaines parties des Ulis, le long des Champs Lasniers  par exemple, ont mal vieilli, certaines conceptions ont montré leurs limites. Au fil du temps on défait ici ou là, on refait, on complète aussi. La ville est en perpétuelle évolution. C'est aussi l'idée qui a présidé apparemment à l'élaboration de l'originale œuvre-jeu de Miquel Navarro installée pour les enfants dans une autre partie de l'exposition. Les éléments d'une ville imaginaire les attend sur un vaste plateau, à eux de les modifier, de trouver d'autres arrangements, d'autres équilibres. Les voilà transformés eux aussi en architectes! Les voilà à leur tour en situation de "rêver la ville"! J'ai pu constater que cette tâche les motive beaucoup!
L'œuvre-jeu de Miquel Navarro: au tour des enfants de "rêver la ville".

Ce beau forum apparaît donc comme une sensibilisation à  l'art architectural ouverte à tous . Peinture, sculpture, photographie, videos se mobilisent de plus pour le servir.

                                                DOCUMENTS COMPLEMENTAIRES:

                                            LA BELLE AFFICHE DE L'EXPOSITION:


L'Horloger du rêve de François SCHUITEN, illustrateur renommé.

AVANT LES ULIS:

Quelques images témoins de ce qu'était le plateau avant Les Ulis.

Michel Duvergne: paysan cueillant des fraises sur le plateau de Courtaboeuf.1960.

La ferme du grand vivier (une des fermes du plateau de Courtaboeuf).
Peinture de Philippe Maire. 1993.

AVANT ET APRES:

2 des vues d'avion exposées:

Les Ulis en 1949.

Les Ulis en 1977.

D'autres œuvres exposées:

L'œuvre-jeu de Miquel Navarro , destinée aux enfants. 2016.

Une peinture de Le Corbusier.
Composition aux lignes géométriques...

Châteaux d'eau, peinture de Laura Hirennau -2016.
Esthétisme des châteaux d'eau...