Pour la dernière conférence de la saison au château du Marais , dimanche 14 septembre , le sujet proposé , en ces temps de commémoration de la guerre 14-18 , était d'actualité : le conférencier Eric Mension - Rigau , historien, assisté de Georges Lefaivre , de l'association des Amis de Talleyrand , qui projetait de précieux documents iconographiques , ont évoqué la figure de Louis de Talleyrand-Périgord , duc de Montmorency , à la fois acteur et témoin de la Grande guerre ; il a en effet fait part de ce qu'il a vécu et vu au cours de cette période tragique dans ses Mémoires.
Qui était-il ?
Louis de Talleyrand -Périgord , né en 1865, était , comme les familles actuellement propriétaires du Marais , le descendant d'Edmond , neveu de Talleyrand et de Dorothée , fille du duc de Courlande (partie de l'actuelle Lettonie) ; très exactement il était le cousin germain d'Hélie de Talleyrand - Périgord , le grand-père d'Anna de Bagneux , propriétaire du Marais , qui est l'initiatrice des conférences qui s'y déroulent chaque mois . Pourquoi ce titre supplémentaire de "duc de Montmorency"? Son père , Adalbert de Talleyrand-Périgord , avait obtenu de Napoléon III , en 1864,
Louis de Talleyrand-Périgord , dernier duc de Montmorency.
le droit de reprendre ce titre , le dernier duc de Montmorency étant mort quelque temps plus tôt. Il descendait bien des Montmorency par les femmes , mais cette décision donna lieu à de vives contestations et même à un procès car d'autres auraient pu prétendre à ce titre.
Sa mère Carme Aguado , d'origine espagnole , était morte à 33 ans de phtisie.
Il s'est marié trois fois , d'abord à Anne de Rohan -Chabot , morte prématurément , puis en 1917 à Cecilia Ulman , veuve d'un M. Blumenthal disparu en mer ; après sa mort il attendra 1950 pour épouser Ida Lefaivre , une nièce du côté de sa famille maternelle. Il meurt un an après.
Un Talleyrand dans la guerre...
Louis de Talleyrand-Périgord avait effectué son service militaire en 1886-87 dans le 12e régiment de chasseur à cheval. Au début de la guerre , il était capitaine de dragons. Pendant la guerre , il reçoit la mission d'accompagner la 4e division d'infanterie anglaise comme officier de liaison - l'obstacle de la langue était un problème entre alliés , il fallait donc des officiers pour résoudre la difficulté. Jusqu'en 1915 , il sera au front avec cette unité , en première ligne , car "quelqu'un qui porte un grand nom se doit d'être au premier rang" , selon lui . Eric Mension -Rigau , cartes à l'appui , nous a fait suivre
Eric Mension - Rigau pendant sa conférence.
l'évolution de ses déplacements sur le front , en fonction des aléas de la guerre. A Cateau-Cambrésis , il découvre la "guerre moderne" , celle qui tue en masse ; il assiste à l'exode sur les routes d'une multitude de gens fuyant le feu; il est aux abords de la bataille de Charleroi , en aout 14 , où 40 000 soldats trouveront la mort en 3 jours; son baptême du feu a lieu le 25 août. Après l'ordre de repli de Joffre , il est sur la ligne de front de la bataille de la Marne (qui fait un million de morts de chaque côté) ; en 1915 , il est à la bataille de l'Yser , en Belgique , où 24 000 anglais seront tués , ainsi que 80°/° des soldats allemands ; en décembre 1915 , il sera sur le font de la Somme comme officier d'ordonnance auprès d'un général ; il est là lors des affrontements meurtriers de juillet à octobre 1916 ; il fit en 1917 la marche en avant jusqu’à SAINT-QUENTIN, en suivant le repli Allemand sur la ligne HINDENBURG ... Ce n'est qu'en juillet 1917 que malade , épuisé , il est malgré lui retiré du front et finit la guerre comme adjoint au commandant d'armes de plusieurs portes de Paris.
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Son témoignage .Constamment au premier rang de ces événements tragiques , il témoigne de ce à quoi il a assisté : l'enthousiasme des soldats en août 1914 , entonnant des chants patriotiques , dans les trains qui les amenaient au front ; il est le témoin de l'exode des civils , de ce qu'endurent les soldats dans les tranchées, de la mort en masse des troupes des deux côtés ; et malgré tout cela de leur courage et de leur détermination : "Ne vous inquiétez pas , mon capitaine , on les aura ! " lui dit un jour un simple soldat. Il compare aussi les états d'esprit des soldats anglais et français dans la guerre , et nous renseigne sur le comportement des aristocrates en ces circonstances difficiles.
Georges Lefaivre nous présente ici un des trois sabres de Louis de T P conservés dans la famille.
Il est décoré de la croix de guerre avec palmes en 1917, et de la Military Cross ; il est fait chevalier de la légion d’honneur à titre militaire en 1919.
Faute de descendants , il sera le dernier duc de Montmorency.
JMS - un reportage de la Blogazette.
DOCUMENTS :
Adalbert , son père.
Sa mère.
Louis enfant.
Sa 2e épouse , Cécilia Ulman .
Autre photographie.
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