Daudet en Seine et Oise?
Saviez-vous que l'auteur des Lettres de mon moulin a dans la majeure partie de sa vie habité Paris ? Et qu'il est venu passer pendant 30 ans tous les étés à CHAMPROSAY , hameau de Draveil , de 1867 à 1896 ? Et qu'il y a écrit une grande partie de son œuvre?
C'est à la suite de son mariage avec Julia Allard , dont le grand-père était maire de la ville voisine de Vigneux , qu'il découvre ce coin de Seine et Oise (aujourd'hui en Essonne) situé entre la Seine et la forêt de Sénart , et en tombe définitivement amoureux. De nombreux bourgeois parisiens y avaient déjà construit leur "maison de campagne" , et le site attira aussi beaucoup d'artistes. Il était bien relié à la capitale par le chemin de fer : on descendait à la gare de Ris-Orangis , on traversait le pont Aguado qui franchissait la Seine (un pont moderne l'a remplacé aujourd'hui), et on grimpait la côte menant tout droit à Champrosay, de préférence en calèche...
Ci dessous : Alphonse DAUDET jeune.
En janvier 1867 , Daudet épouse, donc, Julia Allard : ils vont aller passer l'été au château de Vigneux , propriété de Jacques Navois ,son grand-père, décédé l'année précédente , et qui avait été maire de la commune.
Le château est rapidement mis en vente ,car aucun des héritiers n'avait les moyens de l'entretenir. L'acquéreur , un entrepreneur de travaux publics , fera démolir ce château du XVIe reconstruit au XVIIIe siècle. A la place, il fera édifier une grande villa "semblable à un casino" comme le dira Léon Daudet , un des fils de notre écrivain.
Les Allard louent alors, comme résidence d'été, en 1868, pour trois ans , au 11 de la rue Alphonse Daudet actuelle ( à l'époque la route de Corbeil) , l'ancienne maison de campagne de Delacroix à Champrosay. Le jeune couple va dormir dans l'ancien atelier du peintre, et les Allard occupent l'appartement voisin.
En juillet 1970 , les Allard acquièrent une grande maison blanche située en haut de la côte qui mène de la gare de Ris à Champrosay : Alphonse et son épouse investissent le 2e étage. Ce sera leur résidence d'été pendant 17 ans... Elle existe encore aujourd'hui , au 22 rue Alphonse Daudet : elle est visiblement à l'abandon , et dans un plutôt triste état !
Mais la famille Daudet s'est agrandie : trois enfants sont nés : Léon , en 1867, Lucien en 1878 , Edmée en 1886; la maison des grands parents ne suffit plus : Alphonse , à qui le succès littéraire a souri , a les moyens d'acquérir à son tour une résidence d'été. C'est fait le 6 avril 1887. La maison est vaste , et le terrain de 6 hectares descend jusqu'à la Seine. De la terrasse située à l'arrière ,on aperçoit le fleuve et les coteaux de Ris-Orangis. Alphonse Daudet y viendra en villégiature en famille pendant
La maison de Daudet aujourd'hui : elle est encore un piètre état ; on la rénove progressivement.
dix ans ,jusqu'à sa mort en 1896. La "maison de DAUDET" existe encore , au 35 de la rue qui porte son nom. C'est toujours une résidence privée , en cours de rénovation. Mais sa propriétaire y organise, avec une association, des animations pour des groupes autour de la figure d'Alphonse Daudet , et y héberge des "artistes en résidence". C'est aussi un lieu de rencontres artistiques autour du conte. La nature a repris ses droits dans l'ancien parc de la maison , on peut espérer qu'un jour le site sera entièrement reconstitué ...
La vie à Champrosay.
Daudet aimait aller canoter sur la Seine et sur l'Orge ; on allait en automne chercher des champignons ou ramasser des châtaignes dans la forêt de Sénart toute proche...
Il aime aussi se promener dans son parc , et se réfugie parfois dans un petit pavillon hexagonal ,ou dans un petit bâtiment qu'il nomme "l'isba", qui s'y trouvent.
Notre écrivain travaillait beaucoup aussi , en collaboration d'ailleurs étroite avec Julia, son épouse.
Il achèvera à Champrosay "Le petit Chose". Il y travaille ses meilleures œuvres: Numa Roumestan , Les Contes du Lundi, Jack, Fromont jeune et Risler aîné .... Dans une œuvre comme La petite paroisse, il évoquera même lieux et gens de Champrosay :il y parle par exemple de la petite chapelle Sainte-Hélène toute proche, dite "chapelle du bon cocu", car elle avait été élevée par un certain Napoléon Quantinet , à la mémoire de sa femme décédée , dont il avait pardonné l'infidélité . La plaque est encore visible; ou il évoque ces "passages de charrettes, de voitures, d'hommes et de bêtes, routiers, bergers , maraîchers, camelots " qu'il observait de sa fenêtre ...
Il reçoit aussi des amis , comme Edmond de Goncourt , qui a sa chambre à Champrosay , et qui y mourra d'ailleurs en 1897. Il leur fait volontiers visiter la région...
Et pendant une vingtaine d'années , la résidence des Daudet , surtout la dernière, sera un vrai centre littéraire et artistique. Les "jeudis de Champrosay" ont accueilli par exemple Leconte de Lisle, Huysmans, Tourguéniev, Maupassant, Théodore de Banville, Sully-Prudhomme, Emile Zola, Marcel Proust, Pierre Loti, Frédéric Mistral, Rosny Aîné, François Coppée, le photographe Nadar (Félix Tournachon), les musiciens Jules Massenet, Reynaldo Hahn, le peintre Whistler, le sculpteur Auguste Rodin ...
La chapelle du bon cocu est toujours là...rue Alphonse Daudet.
On peut , après avoir fait un tour dans le quartier "sur les pas de Daudet" , être accueillis, si l'on forme un groupe , par "La Maison Daudet" qui vous proposera une animation centrée sur la vie de l'écrivain à Champrosay.
Tous renseignements sur son site : www.maison-alphonse-daudet.com
adresse mail : maison.daudet@laposte.net
JMS
D'AUTRES IMAGES :
La gare de Ris au XIXe siècle. Le bâtiment est toujours là.
La côte de Ris à Champrosay à l'époque de Daudet et la "maison du haut de la côte".
La côte de Ris à Champrosay aujourd'hui.
La maison du haut de la côte , acquise par les Allard . Eux et les Daudet y séjournent l'été de 1870 à 1887; elle aussi est en piètre état et semble abandonnée...
L'ancienne maison de Delacroix , où la famille Allard - Daudet passa trois étés (11-13 rue A. Daudet).
Un grand nombre de ces belles maisons de campagne bourgeoises du XIXe semblent à l'abandon , comme celle-ci , proche de la maison Daudet.
Les bords de Seine à Champrosay autrefois.
Lucien.
Léon.
Daudet et sa fille Edmée par Eugène Carrière.
Images internet.
Toujours de beaux reportages.
RépondreSupprimerRamon