LA VILLA SAVOYE.
Il s'agit d'une maison construite entre 1928 et 1931 par LE CORBUSIER pour la famille de M. SAVOYE, un riche assureur, sur un site de plusieurs hectares situé sur le plateau de Beauregard et dominant la vallée de la Seine. C'était leur résidence secondaire. Elle applique les " 5 points de l'architecture moderne" définis par l'architecte dans un traité rédigé en 1927: les pilotis, les toits terrasses, le plan libre, les fenêtres en bandeaux, et la façade libre. On y reviendra.
Elle apparaît comme une "boîte en l'air", en forme de parallélépipède, de 9,40 m de haut et de 19 m de large.
C'est la dernière des "villas blanches" réalisées par l'architecte pour de riches familles.
Vue sud ouest, côté porte d'entrée.
La structure de 4 niveaux (sous sol (avec la cave et la chaufferie), rez de chaussée (réservé aux domestiques), 1e étage -" espace vie" des maîtres, et solarium) tient par les fins pilotis en béton armé (comme la dalle supportée) disposés d'une façon qui rappelle les péristyles antiques (Le Corbusier était un grand admirateur de l'antiquité). Il n'y a donc dans cette demeure aucun mur porteur, mais uniquement des cloisons, d'ailleurs modifiables, et donc personnalisables, à loisir.
Elle est classée aux Monuments historiques depuis 1965, et au Patrimoine mondial de l'Unesco depuis 2016.
LA VISITE:
Le visiteur a la surprise d'abord d'arpenter une belle allée bordée de grands arbres.
Bientôt, encadrée par les branchages, la villa apparaît.
La façade que l'on découvre lorsqu'on s'est avancé dans le parc est en fait la façade arrière de la maison, car l'entrée est de l'autre côté.
En effet la maison est orientée en fonction de la vue (aujourd'hui cachée) sur la vallée de la Seine, côté sud ouest.,
Le vitrage tient une place exceptionnelle sur chaque façade, ce qui est permis par le fait que la structure tient par les seuls pilotis, que la façade est "libre", c'est-à-dire "non porteuse".
La visite guidée commence au fond du parc, face à l'arrière de la villa, pour la présentation générale.
Si le guide nous a amenés là, c'est aussi pour nous faire comprendre la notion de "promenade architecturale" voulue par l'architecte.
"L'architecte a conçu la maison comme une sculpture, autour de laquelle on tourne pour l'admirer" explique-t-il. "Le chemin qui mène à la villa est la 1e étape de la promenade architecturale que va entamer le visiteur".
"Quant au péristyle sur pilotis, c'est aussi une allée de circulation pour la voiture de M. Savoye" indique-t-il. Le fonctionnel n'est jamais oublié.
A propos de l'admiration de LE CORBUSIER pour l'architecture antique, notre guide nous informe qu'il a visité le Parthénon en 1912 et en a réalisé 30 aquarelles, signe de sa fascination pour ce monument.
PLAN DU REZ DE CHAUSSEE.
. On constate d'abord sa forme arrondie (à gauche): on voit que le garage est de l'autre côté de la maison par rapport à l'entrée du parc. La courbure de la façade a tout simplement été prévue en fonction des possibilités de braquage de la voiture de M. Savoye! Et de façon à faciliter la vue du chauffeur !
Autrement dit, la forme est soumise à la fonctionnalité chez Le Corbusier: la fonction prime sur la forme, ce qui n'empêche pas l'esthétique!
Ensuite, les voitures étaient garées en épi (cf schéma). On sortait en marche arrière, et la voiture prenait la direction de la grille d'entrée en passant par le péristyle du côté droit (zone de circulation).
. Les pièces (chambre de bonnes en haut, chambre des chauffeurs, buanderie-lingerie... montrent bien qu'il s'agit de l'étage des domestiques.
LES DEUX MOYENS D'ACCES AU 1er ETAGE:
L'escalier en colimaçon.
L'architecte le considérait comme une sculpture en béton armé... Il était destiné à l'usage des domestiques. Il relie aussi le sous sol au reste de la maison. Dans les maisons bourgeoises d'autrefois, les domestiques ne croisaient pas les maîtres.
La rampe d'accès.
C'est l'accès des maîtres au premier étage. Elle illustre aussi le concept de "promenade architecturale". "Lorsqu'on emprunte une rampe d'accès, on ne regarde pas ses pieds, on regarde devant soi et on découvre, on admire" nous explique notre guide.LE PREMIER ETAGE :
C'est "l'espace vie" des maîtres. On y trouve, autour d'une terrasse qui apparaît comme une sorte de cour intérieure, un grand séjour et une cuisine fonctionnelle , trois chambres, celle des parents, de leur fils, et une chambre d'ami, avec aussi un petit salon qui donne sur la terrasse.
Le séjour ( 86 m2) que LC surnommait "la boîte à chaussures" est séparé de la terrasse par une immense baie vitrée.
La terrasse (fleurie) vue du séjour.
De l'autre côté, les fenêtres en bandeaux permettaient aux propriétaires d'avoir une vue sur la vallée de la Seine. Sur trois faces on a donc du verre, presque pas de murs. C'est permis grâce au système des pilotis, qui rend inutile la présence de murs porteurs. C'est ce que l'architecte appelle le "plan libre".
Par les fenêtres en bandeaux, on a une vue panoramique sur le paysage, et l'impression d'être "à l'extérieur", ce que voulait LC. L'architecte était peintre aussi, les fenêtres horizontales encadrent cette "toile vivante" qu'est le paysage, et le met en valeur, comme le fait son cadre pour une toile.
En raison de l'importance des fenêtres, il est difficile d'installer des meubles hauts dans cette piéce. Le Corbusier a donc prévu des placards intégrés sous les fenêtres (cf ci dessus).
Tout le long du plafond s'étire le luminaire en forme de gouttière que Mme Savoye avait demandé à LC de lui procurer.
En revanche, LC ne s'est pas occupé du design de l'ameublement, Mme Savoye a fait son choix dans des catalogues. Par la suite, l'architecte se préoccupera de "design".
Le sol est du carrelage, c'était à la mode à l'époque. En revanche, pour les chambres, les Savoye opteront pour du parquet en chêne. Les sols sont d'origine. Les couleurs d'origine des murs n'ont pas pu vraiment être identifiés, le blanc a été souvent choisi lors des restaurations.
La pièce, située au sud ouest, était très inconfortable, très chaude l'été et très froide l'hiver... d'autant plus qu'elle n'était chauffée que par une toute petite cheminée, présence au centre du séjour.
NOUS GAGNONS LA CHAMBRE DES PARENTS que jouxte LA SALLE DE BAINS:
La salle de bains vue de la chambre des parents.
On remarque tout de suite la "méridienne" ou lit de repos, copie conforme d'une pièce d'ameublement conçue par LC.
Les petits carreaux sont une réminiscence des mosaïques romaines chez l'architecte.
La lumière du jour entre ici par ce lanternon. Malheureusement, les infiltrations d'eau passèrent aussi par là au grand dam de Mme Savoye. L'architecte sera obligé d'ajouter des gouttières métalliques en forme de pilotis.
LA PROMENADE ARCHITECTURALE CONTINUE...
Nous nous retrouvons sur la terrasse. Au fond, on voit le grand séjour vitré.
Une nouvelle rampe donne accès au solarium et permet de poursuivre notre "promenade architecturale".
Cette vue disparue était l'aboutissement de la "promenade architecturale" organisée par l'architecte...
Coup d'œil sur le solarium.
Une des chaises longues installées là.
Fin de la visite guidée. Les visiteurs sont alors invités à parcourir librement les autres pièces non vues du 1er étage: chambre du fils...etc...
Coup d'œil vers la terrasse depuis le solarium.
. Les SAVOYE ont habité la maison de 1931 à 1940.
. Pendant la guerre elle a été occupée successivement par les allemands et les alliés, et a été très dégradée.
Les Savoye n'y venaient plus que pour s'occuper du jardin.
. En 1958, les SAVOYE ont été expropriés par la commune, au grand soulagement de leurs propriétaires d'ailleurs, qui ne savaient plus qu'en faire...
Un lycée a été construit sur le domaine. Seul un hectare a été conservé autour de la maison.
. En 1962, la maison est cédée à l'état.
. Elle va être restaurée entre 1963 et 1997, sous l'impulsion, au début, d'André Malraux.
. Dès 1965, quelques mois après le décès de Le Corbusier, elle est inscrite aux Monuments historiques.
. En 1997, elle est ouverte au public.
. Enfin, en 2016, elle est classée au Patrimoine mondial de l'Unesco.
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